Des incendies tragiques comme celui de la résidence pour aînés de L'Isle-Verte ravivent toujours le débat sur la nécessité de bons systèmes anti-incendie dans les édifices.

Mais pour Tornatech, un fabricant montréalais de contrôleurs automatisés de pompes anti-incendie pour bâtiments vendus dans 80 pays, de tels débats sont porteurs pour son marché spécialisé auprès de grands entrepreneurs en protection incendie.

En outre, selon son président fondateur, Bruno Goupil, ces débats sur la sécurité anti-incendie contribuent parmi la centaine d'employés de Tornatech à valoriser un savoir-faire d'entreprise qui, presque toujours, se retrouve caché dans les sous-sols d'équipements des édifices.

«Dans toute l'industrie mondiale du bâtiment, on reconnaît qu'un bon système de gicleurs est LA meilleure façon de combattre un début d'incendie, plus rapide et plus efficace que toute escouade de pompiers», rappelle M. Goupil lors d'une visite d'entreprise avec La Presse Affaires.

«Il s'agit donc d'un marché important au niveau mondial, malgré les cycles locaux de construction et de rénovation d'immeubles. Mais c'est aussi un marché soumis à des normes très strictes de fabrication, d'installation et d'entretien de ces équipements.»

C'est pourquoi, afin de parvenir à croître et à prospérer dans ce marché comme PME exportatrice, Tornatech a toujours orienté son plan d'affaires vers «les moyens d'ériger nous-mêmes des barrières à l'entrée devant nos concurrents», résume Bruno Goupil.

Par barrières à l'entrée, le président fondateur de Tornatech décrit une mentalité d'affaires qui s'appuie sur l'amélioration continue des principales fonctions de l'entreprise: capacités d'innovation technologique en fonction des plus hautes normes techniques, optimisation du processus d'assemblage d'équipements spécialisés presque tous fabriqués sur mesure, démarchage commercial et technique de proximité auprès d'une clientèle surtout internationale.

Presque 30 ans après ses débuts comme entrepreneur, et au fil de quelques changements d'associés, tout indique que Bruno Goupil et ses principaux adjoints sont parvenus à une réalisation d'affaires d'une qualité rare pour une PME manufacturière.

Investissement de la Caisse

Au point d'avoir attiré récemment un investissement de 12 millions en capital et en prêt de la Caisse de dépôt et placement, afin de soutenir la suite d'un plan d'affaires déjà très fructueux.

Tornatech a presque doublé son chiffre d'affaires depuis quatre ans, frôlant maintenant les 40 millions. La presque totalité de cette expansion s'est réalisée à l'exportation, aux États-Unis, surtout, avec la reprise du secteur immobilier, mais aussi vers des dizaines d'autres pays outre-mer.

Jusqu'au Moyen-Orient et vers l'Asie, ce qui a justifié l'implantation cette année à Dubaï d'une petite filiale de vente et d'assemblage final de proximité pour bien desservir le boom immobilier dans la région.

Tornatech avait déjà une petite filiale de vente et d'assemblage final en Belgique, pour la desserte de son autre gros marché en Europe.

Bruno Goupil s'avoue d'autant plus fier de cet important cycle de croissance de Tornatech qu'il en attribue le mérite d'abord aux jeunes ingénieurs, techniciens et gestionnaires qui ont été embauchés ces dernières années, après quelques années de stagnation.

Et parmi ces «jeunes» qui pilotent désormais le développement de Tornatech se retrouvent au premier plan son fils Marc, 35 ans, et son gendre Dominic Bergeron, 32 ans.

Tous deux ingénieurs de formation, ils se sont laissé tenter il y a moins d'une dizaine d'années par la possibilité d'une relève entrepreneuriale chez Tornatech.

Transition planifiée

Pendant cette période d'intégration, aussi, le président fondateur de Tornatech a pris soin de bien planifier la transition du contrôle de l'actionnariat de l'entreprise. Pour sa propre satisfaction d'entrepreneur approchant de la retraite, d'une part, mais aussi beaucoup pour éviter les complications de gestion indues pour ses deux successeurs.

Quatre ans après leur entrée au capital de Tornatech, Marc Goupil et Dominic Bergeron sont manifestement en bonne position pour poursuivre et accentuer même la poussée de croissance de l'entreprise.

D'autant qu'ils se disent «très motivés» du fait qu'ils bénéficient désormais, avec la Caisse de dépôt, d'un associé financier fiable et durable, jouissant d'un fort potentiel de valeur ajoutée en conseils et en références lors de projets subséquents.

«Négocier une prise de participation avec la Caisse a permis de réévaluer l'entreprise que Marc et moi dirigeons de plus en plus», déclare Dominic Bergeron, directeur de production chez Tornatech.

«Nous avons été un peu surpris parce que nous ne pensions pas être rendus là. Mais aussi, c'est très motivant. Ça nous incite à aller encore plus loin avec cette entreprise.»

Tornatech

> Activités: conception et fabrication de contrôleurs électroniques de pompes pour systèmes anti-incendie d'édifices. Clients-utilisateurs dans 80 pays.

> Siège social: Montréal (arr. de Saint-Laurent)

> Effectifs: 120 (Montréal, Dubaï, Belgique)

> Chiffre d'affaires: près de 40 millions

> Actionnariat: famille Goupil (Bruno, président et cofondateur, son fils Bruno et son gendre Dominic Bergeron, directeurs d'exploitation), Caisse de dépôt et placement du Québec (30 %, depuis août 2014)

Sources: Tornatech, CDPQ