Le milliardaire américain Warren Buffett s'est offert les piles Duracell, rachetées jeudi au fabricant des rasoirs Gillette Procter & Gamble (PG) pour 4,7 milliards de dollars.

La marque Duracell fabrique des piles alcalines, des batteries spécialisées et des lampes de poche.

Procter & Gamble (P&G) avait annoncé son intention de s'en séparer en octobre, neuf ans après en avoir pris le contrôle.

Le fabricant des biens de consommation privilégiait l'hypothèse d'une introduction en Bourse mais n'excluait pas d'explorer d'autres options dont une cession dans le cadre d'une vaste réorganisation de son portefeuille visant à ne garder que de 70 à 80 marques les plus rentables.

Selon l'accord entre les deux parties, Berkshire Hathaway, la holding de Warren Buffett, va racheter Duracell en rendant à P&G les actions qu'il détient dans le groupe. Celles-ci sont évaluées à 4,7 milliards de dollars. Berkshire Hathaway est le cinquième actionnaire du fabricant des couches Pampers, détenues par P&G, avec une participation de près de 2% (52,80 millions d'actions).

P&G s'est engagé de son côté à recapitaliser sa filiale en y injectant 1,8 milliard de dollars en numéraire.

Pour faciliter cette opération, le groupe basé dans l'Ohio (est) a finalisé la cession à un groupe chinois de sa participation dans une coentreprise fabriquant des piles. Cette double opération signe sa sortie de l'industrie des piles.

Procter & Gamble avait acquis Duracell en 2005 et l'avait développée de sorte que la marque dégage des ventes de deux milliards de dollars en moyenne par an.

Boulimie d'acquisitions 

«J'ai toujours été impressionné par Duracell, en tant que consommateur et en tant qu'investisseur de long terme de Procter & Gamble et de Gillette», a confié Warren Buffett.

Et de répondre aux doutes émis par certains analystes sur l'intérêt de cette prise: «Duracell est une marque mondiale avec des produits de grande qualité et s'intégrera bien au sein de Berkshire Hathaway».

«Cet investissement est typique de Warren Buffet, qui investit le plus souvent dans les produits connus de tous», commente Nik Modi, analyste chez RBC Capital Markets.

Troisième homme le plus riche du monde avec une fortune de 65,6 milliards de dollars selon le classement du magazine Forbes, Warren Buffett a construit un empire - Berkshire Hathaway - détenant des sociétés dans l'assurance (Geico), l'énergie et les transports (Xtra Corporation).

Il dispose également d'une myriade de participations minoritaires dans des entreprises variées allant de la finance (American Express, Goldman Sachs, Wells Fargo) à l'alimentation (les ketchup Heinz, le producteur de boissons Coca-Cola) en passant par la distribution (supermarchés Tesco, Wal-Mart), l'informatique (IBM), la pharmacie (Sanofi) et les médias.

Ces derniers mois, celui qu'on a surnommé «l'oracle d'Ohama» en raison de ses conseils d'investissement très écoutés a encore aiguisé ses appétits.

Début octobre, Berkshire a racheté le cinquième plus gros groupe de concessionnaires automobiles aux États-Unis, Van Tuyl Group, au chiffre d'affaires annuel de plus de 8 milliards de dollars.

Il avait déjà mis la main en mai sur le gestionnaire canadien de réseau électrique haute tension AltaLink. Le milliardaire a annoncé à l'été qu'il allait aider la chaîne de hamburgers Burger King à financer son acquisition de la chaîne canadienne de restauration rapide Tim Hortons.

C'est au moins la deuxième fois depuis le début de l'année que Warren Buffett a recours à une rétrocession de ses actions dans une société pour effectuer une acquisition.

En mars, il s'est emparé d'une chaîne de télévision de Miami, WPLG, en rétrocédant à la famille Graham ses titres dans Graham Holdings, la société patrimoniale des ex-propriétaires du Washington Post qui possède le site d'informations Slate.

Procter & Gamble, qui a ramené à sa tête l'an dernier son patron emblématique A.G. Lafley, accélère pour sa part sa stratégie d'économies basée essentiellement sur des cessions.

La transaction, qui devrait être finalisée au deuxième trimestre de son exercice fiscal 2014/2015 après le feu vert des autorités de la concurrence, va l'obliger à inscrire une charge de 28 cents par action dans ses comptes du fait d'écarts d'acquisitions («Goodwill»).