Au début du millénaire, les produits de plastique fabriqués en Chine ont envahi le marché nord-américain. Devant cette menace, le manufacturier Lefko a opéré un virage à 180 degrés en modifiant ses services et en explorant de nouveaux marchés. Un pari qui lui a carrément sauvé la vie.

Aujourd'hui, l'avenir sourit à l'entreprise familiale de Magog. La Presse s'est entretenue avec Marquis Routhier, directeur des ventes et de l'ingénierie, et Martin Boulanger, gestionnaire du développement des affaires.

Q : Comment avez-vous évité les contrecoups de la montée de la Chine dans l'industrie du plastique?

R : Depuis sa création en 1974, Lefko se spécialisait dans la fabrication de petites pièces de plastique de consommation de masse, entre autres des jouets et des articles domestiques. Il y a plus de dix ans, nous avons commencé à perdre du profit dans ce secteur en raison de l'arrivée de la Chine sur le marché. Nous nous sommes alors tournés vers la production de grandes pièces creuses de plastique destinées à des marchés spécialisés de l'Amérique du Nord. Notre avantage? Les clients ne vont pas chercher ce type de produit jusqu'en Chine, car le coût du transport est plus élevé en raison de leur taille. Ce virage s'est avéré salvateur, mais nous y avons beaucoup investi, à la fois en ressources humaines, en formation et en équipements.

Q : Lefko demeure peu connu du grand public. Vos produits, toutefois, font partie de notre quotidien.

R : En effet! Nous sommes une compagnie 100% sous-traitante. Nous fabriquons des pièces pour de grandes entreprises comme BRP et Candock (fabricant de quais flottants), qui font partie de notre clientèle. Les cônes orange qui bordent les chantiers de construction sur les autoroutes, les poteaux et les margelles de piscines hors terre, les réservoirs d'essence pour des véhicules récréatifs, les panneaux de lits médicaux, les quais flottants, tout cela vient de chez nous. Par exemple, nous livrerons prochainement 100 000 sièges d'amphithéâtre au circuit Nascar Daytona International Speedway.

Q : Vous êtes reconnus pour votre expertise en moulage de plastique par extrusion- soufflage. De quoi s'agit-il?

R : Imaginez une bouteille vide dans laquelle vous insérez un ballon de caoutchouc. En le gonflant, il se collera aux parois de la bouteille. On procède un peu de la même façon avec le plastique. Après coup, on laisse le polymère refroidir pour qu'il puisse durcir et ne pas s'écraser, une fois le moule ouvert.

Q : Quels sont vos projets pour les prochains mois?

R : Notre objectif est d'augmenter notre chiffre d'affaires de 10 à 12 millions d'ici 2016. Pour y arriver, nous avons investi 3,4 millions pour ajouter 10 000 pieds carrés à notre usine et acquérir une nouvelle machine de soufflage. Nous sommes aussi en pleine période d'embauche. À terme, nous aurons 10 employés de plus, soit 88 au total. Dans quelques mois, nous obtiendrons la certification ÉcoResponsable en développement durable du Conseil des industries durables, ce qui s'ajoute à la norme ISO14 001 de gestion environnementale que nous avons décrochée en 2009. Nous prévoyons enfin refaire notre site web et notre image corporative, question d'améliorer notre visibilité auprès du grand public.