L'entreprise québécoise Mega Brands (T.MB) rejoindra le giron du géant américain des jouets Mattel (MAT), qui achète le deuxième producteur de jeux de blocs de construction - derrière Lego - pour 460 millions de dollars.

Cette transaction, annoncée vendredi, ne signifie toutefois pas la disparition d'un autre siège social au Québec, selon le président et chef de la direction de Mattel, Bryan Stockton.

Ce dernier a confirmé, en conférence téléphonique, l'intention du géant américain de maintenir le siège social de Mega Brands, fondée en 1967, dans la métropole.

Selon le président et chef de la direction de la société québécoise, Marc Bertrand, les entreprises acquises par Mattel ont généralement conservé leur indépendance.

«Par exemple, la marque Fisher Price est toujours établie à Buffalo, dans l'État de New York, plus de 20 ans après son acquisition par Mattel», a-t-il illustré, au cours d'une conférence téléphonique.

M. Stockton a également fait références à de possibles synergies à Montréal, mais selon l'actuel patron de Mega Brands, cela pourrait bien se traduire par des investissements et une expansion des installations montréalaises plutôt que des pertes d'emplois.

«C'est clair qu'ils ont un plan d'expansion, a affirmé M. Bertrand. Nous allons avoir de nouveaux produits en plus de développer des marchés internationaux. C'est une bonne chose pour les employés.»

Selon Mattel, qui produit des jouets aussi connus que les poupées Barbie et les voitures Hot Wheels, cette acquisition lui permettra de bonifier ses activités dans deux segments à croissance rapide: les jeux de construction et l'artisanat.

En plus de ses blocs Mega Blocks, les produits d'arts et d'artisanat offerts par Mega Brands sous les bannières Rose Art et autres viendront s'ajouter à ceux offerts par Mattel dans cette même catégorie.

«Il n'existe pas de meilleur partenaire pour l'avenir», a affirmé M. Bertrand, qui est également un actionnaire important de la compagnie québécoise.

M. Bertrand, son frère Vic et la société Fairfax Financial sont tous favorables à l'entente et détiennent ensemble 39 pour cent des actions de Mega Brands. Les frères Bertrand ont signé des ententes afin de demeurer conseillers pour Mattel pendant au moins un an.

Pour Mattel, l'acquisition de Mega Brands représentait une occasion qui s'inscrit dans sa stratégie.

«Un volet essentiel (...) est l'acquisition de marques qui profiteront de notre rayonnement et, par la même occasion, nous aideront à étendre nos activités vers de nouveaux secteurs», a souligné M. Stockton.

«Nous sommes heureux d'aider Mega Brands à accélérer sa croissance mondiale et à offrir un choix plus diversifié à encore plus d'enfants ainsi qu'à leur famille», a-t-il ajouté.

Les difficultés financières rencontrées par Mega Brands au cours des dernières années n'ont pas influencé le conseil d'administration de l'entreprise montréalaise, qui recommande à ses actionnaires d'accepter l'offre de Mattel.

«Ce n'est pas une décision d'abandonner, a expliqué M. Bertrand. C'est plutôt une décision pour le long terme de la compagnie, nos actionnaires ainsi que nos employés.»

Selon lui, Mega Brands sera en mesure de profiter de l'expertise globale de Mattel qui s'étend sur plus de 150 marchés à travers le monde. «Mattel a connu du succès au Brésil et en Russie, a souligné M. Bertrand. Nous nous attendons à en bénéficier.»

Il a précisé que les discussions avec Mattel avaient débuté à la suite de la conclusion d'un accord d'octroi de licence entre les deux entreprises, il y a environ un an.

Selon l'analyste Leon Aghazarian, de la Financière Banque Nationale, cette transaction ne représente pas une surprise en raison du lien qui existait déjà entre Mega Brands et Mattel.

«Même si des offres supérieures pourraient être déposées, particulièrement de la part des autres joueurs majeurs, comme Hasbro, nous ne croyons pas que cela va arriver», écrit-il dans un rapport.

Le géant américain offre 17,75 $ par action de Mega Brands. Celle-ci a terminé la séance à la Bourse de Toronto en hausse de 35,6 pour cent, ou 4,65 $, à 17,72 $.

Cette transaction comprend la dette de Mega Brands - que certains analystes estiment à 60 millions $ - qui sera prise en charge ou remboursée par Mattel.

Le deux tiers des actionnaires de la société montréalaise devront se prononcer en faveur de la transaction afin qu'elle puisse aller de l'avant. Le vote devrait se tenir d'ici deux mois.

Établie à Montréal, Mega Brands compte environ 1700 employés dans 17 pays.