Siemens a annoncé samedi le renvoi de son patron, Peter Löscher, en  poste depuis 2007, qui a échoué à remettre sur les rails le conglomérat industriel allemand.

Dans un communiqué très succinct, Siemens indique que «à sa réunion du 31 juillet (à la veille de la publication des résultats financiers du groupe, ndlr), le conseil de surveillance de Siemens décidera du départ anticipé de son directeur général».

Depuis un nouvel avertissement sur résultats, annoncé par surprise jeudi, la presse allemande évoquait des discussions sur un limogeage de Peter Löscher, un Autrichien âgé de 55 ans qui préside aux destinées de ce géant industriel (près de 37 000 employés dans le monde fin mars, plus de 78 milliards d'euros de chiffre d'affaires l'an dernier).

«J'ai un contrat jusqu'en 2017 et Siemens a plus que jamais besoin d'un capitaine», déclarait-il encore samedi dans une interview au quotidien Süddeutsche Zeitung, ajoutant n'être pas du genre «à abandonner le navire». Mais le conseil de surveillance du groupe, présidé par Gerhard Cromme, l'a finalement poussé par-dessus bord.

Vu l'issue de l'expérience Löscher, premier patron recruté à l'extérieur, Siemens semble décider à le remplacer en interne. Mercredi, le conseil de surveillance nommera ainsi «un des membres du directoire de Siemens comme directeur général», selon le communiqué.

Parmi les candidats bien placés figurent Joe Kaeser, l'actuel directeur financier, qui a plus de 30 ans de maison, et Siegfried Russwurm, actuel responsable du secteur industriel, entré chez Siemens il y a vingt ans.

Après toute une série d'objectifs financiers ratés et d'avertissements sur résultats, le coup fatal a été porté à Peter Löscher jeudi, quand, à seulement une semaine de la publication de ses résultats trimestriels, Siemens a annoncé qu'il renonçait à son objectif d'atteindre une marge d'au moins 12 % en 2014, et ce à cause de perspectives de marché moins bonnes que prévu.

L'abandon de cet objectif, à peine dix mois après qu'il ait été fixé et plus d'un an et demi avant son échéance, a fortement déçu les investisseurs. D'autant qu'il s'agissait d'un des principaux buts visés par le vaste plan d'économies de 6 milliards d'euros lancé pour deux ans.

En effet, à l'automne, Peter Löscher avait montré sa volonté de prendre à bras le corps les problèmes de Siemens, actuellement plus grosse capitalisation boursière allemande, avec une importante restructuration devant permettre de regagner en rentabilité.

Ce plan, d'abord bien accueilli - sauf par les syndicats qui redoutent d'importantes suppressions d'emplois - ne s'est pas ressenti dans les performances financières.

Quelques succès récents sont toutefois à mettre à l'actif de Peter Löscher, comme la mise en Bourse de la filiale d'ampoules électriques Osram et la vente à Nokia pour un bon prix de sa part dans leur coentreprise de réseaux télécoms.

Décidé à se recentrer sur les secteurs les plus porteurs, comme la construction de turbines, de matériel médical ou d'éoliennes, Siemens a en revanche échoué à trouver un repreneur à son activité dans l'énergie solaire, arrêtée progressivement.

Le groupe, qui fait depuis quelque temps déjà pâle figure face à son grand concurrent américain, General Electric, pâtit aussi de blocages persistants sur plusieurs projets qui lui coûtent cher.

Dans l'éolien tout d'abord, où Siemens a du mal à raccorder au réseau électrique ses champs d'éoliennes «offshore» construits en mer du Nord.

«En partie, nous nous sommes un peu trop hâtés à entrer sur de nouveaux marchés. Cela coûte maintenant de l'argent», reconnaissait en avril Joe Kaeser.

Pour noircir le tableau, Deutsche Bahn ne cesse de dire haut et fort que Siemens est incapable de lui livrer les trains commandés. En effet, à cause de difficultés techniques, seize nouveaux trains à grande vitesse ICE ont déjà deux ans de retard. Au final, la compagnie ferroviaire allemande pourrait ne pas les recevoir avant 2014.