À partir du 9 mai prochain, Cascades ne sera plus dirigée sur une base quotidienne par un Lemaire, mais les trois frères et principaux actionnaires du groupe resteront très proches de l'entreprise qu'ils ont créée il y a 50 ans.

À titre de président exécutif du conseil d'administration, Alain Lemaire entend continuer d'épauler sur une base régulière son nouveau PDG, Mario Plourde, tout comme Laurent et Bernard qui siègent toujours au conseil d'administration de Cascades.

Laurent passera en juin une semaine à Niagara Falls pour superviser l'ouverture de la nouvelle usine. Bernard continue de suivre les activités de Cascades, mais aussi celles de Boralex dont il est toujours le président exécutif du conseil.

Alain Lemaire: des vacances et des antiquités

Même si Alain prévoit être passablement occupé avec la présidence du conseil de Cascades, il précise qu'il compte aussi profiter de périodes de vacances, question de faire un peu de rattrapage.

«J'ai eu un cancer de la prostate à 49 ans et j'ai compris que la vie était précieuse. Laurent et moi, on ne prenait jamais de vacances. Je me souviens qu'en 1987, j'avais décidé que ma femme et moi allions passer une semaine pour faire du ski dans les Alpes», relate le cadet de la famille.

«Il s'agissait de nos premières vacances en 15 ans et on n'a pas eu le temps d'arriver sur place que je reçois un appel de Bernard m'avisant qu'il y avait une usine à vendre en Suisse et qu'il fallait absolument que j'aille la visiter. C'était ça notre vie...»

Depuis une dizaine d'années, Alain Lemaire est devenu un collectionneur d'antiquités en fonte, une passion qu'il a développée avec le même zèle que son entreprise et qui meuble la cour arrière de sa maison de Kingsey Falls.

«Tu connais ça, les anciens moulins à viande à manivelle: j'en ai 1400. Les sièges de tracteur: 350. Les plaques de trappes à chauffage en fonte, j'en ai 1700 différentes, tout ça est classé dans une vingtaine de boîtes de camion que j'ai installées derrière la maison. Heureusement que j'ai un grand terrain...»

Laurent Lemaire: sport et équitation

Laurent Lemaire est résolument le sportif de la famille. Lorsque Bernard me fait remarquer qu'il a perdu 25 livres au cours de la dernière année, Laurent s'empresse d'observer qu'à 74 ans, il pèse aujourd'hui 157 livres, soit le même poids qu'il pesait à 24 ans.

«Je fais du sport sur une base régulière. Je fais du ski, du vélo, de la course à pied et de l'équitation», résume-t-il avant de préciser qu'il cultive la passion des chevaux depuis aussi loin qu'il se souvienne.

Si sa maison est à Warwick, son écurie est installée depuis toujours à Kingsey Falls, où il s'occupe de ses six chevaux et en héberge autant pour dépanner d'autres cavaliers.

Laurent Lemaire aime faire de l'équitation pour le plaisir. Il apprécie tout autant la randonnée que la course ou les sauts. Amateur de chasse à courre, il a souvent participé à des compétitions de courses à obstacles. Il aime encore assister à des épreuves hippiques.

«Quand Bernard m'invite chez lui en Floride, j'en profite pour assister à des courses de chevaux», dit Laurent. Ce que confirme Bernard.

«L'an dernier, j'ai été hospitalisé, pour la première fois de ma vie, quelques jours. Il est allé voir les chevaux, mais il n'est jamais venu me voir à l'hôpital», déplore, en riant, l'aîné de la famille.

Bernard Lemaire: la dernière mission

Toute sa vie durant, Bernard Lemaire aura été un visionnaire. Au début des années 60, il se rend compte que l'environnement s'imposera comme le prochain enjeu majeur de la planète. Il fonde Cascades et crée l'une des plus importantes sociétés de recyclage en Amérique du Nord.

À la suite des premiers chocs pétroliers des années 70 et 80, il constate que l'énergie est devenue le sujet de préoccupation de l'heure. Il fonde Boralex, qui s'impose de plus en plus comme un important producteur d'énergie alternative.

Sa dernière mission: l'explosion démographique mondiale va forcer une plus grande autosuffisance alimentaire et Bernard décide de se lancer dans l'élevage de Highlands, une race de boeufs écossais à poil long et rouge et aux longues cornes. Des bovins qui vivent dans la nature sur sa terre d'Austin, dans les Cantons-de-l'Est.

«J'ai 700 têtes de bétail, mais c'est à 2000 que je vais commencer à faire de l'argent. C'est pour ça que je prévois revenir m'installer à Danville sur une plus grande terre. Une fois le chiffre des 2000 atteint, ça va être facile d'arriver rapidement avec un troupeau de 10 000 têtes», prévoit-il.

Bernard Lemaire rêve de construire sa maison de ferme sur une colline de Danville, ce qui lui permettrait d'avoir un point de vue sur l'usine de Cascades de Kingsey Falls.

«Je pourrai savoir tous les matins, selon la fumée des cheminées, si toutes les machines sont bien en exploitation», expose le doyen Lemaire.