L'avionneur européen Airbus a opté pour la prudence et renoncé aux batteries au lithium pour son futur long-courrier A350, faute de certitude sur la sécurité entourant cette technologie après les graves incidents qui ont cloué au sol les 787 de son rival américain Boeing.

Airbus a «confiance dans le fait que l'architecture des batteries principales au lithium développées avec le groupe Saft pour l'A350 XWB est robuste et sûre. Cependant, à cette date, l'origine des deux incidents survenus sur les batteries au lithium demeure inexpliquée», a expliqué à l'AFP Marcella Muratore, porte-parole du constructeur.

«Dans ce contexte, et dans une volonté de garantir le calendrier du programme, Airbus a décidé d'activer son plan B et de revenir aux batteries nickel-cadmium, qui ont fait leurs preuves, pour l'entrée en service de son programme A350 XWB (Xtra wide body)», a-t-elle ajouté, confirmant des informations d'une source proche de l'avionneur.

Le fournisseur des deux types de batteries reste le fabricant français Saft, a indiqué Airbus.Pour l'avionneur, l'enjeu reste l'exécution du programme et la fiabilité de l'A350 XWB.

Il assure en outre que cette décision n'aura pas d'impact sur la mise en service de l'appareil prévue fin 2014.

Deux incidents ont endommagé les batteries au lithium du 787 Dreamliner, dernier né de Boeing, le 7 janvier à Boston, puis neuf jours plus tard au Japon, ce qui a entraîné l'interdiction de vol des 50 exemplaires en circulation dans le monde depuis le 16 janvier.

Des vols d'essais ont été effectués depuis mais les causes du feu, qui s'est propagé dans la batterie lors de l'incident de Boston, restent mystérieuses.

Les A350 et B787 sont deux avions de nouvelle génération utilisant des technologies assez proches, notamment le recours massif aux matériaux composites.

L'A350 devait comme le 787 avoir recours aux batteries au lithium.Airbus a néanmoins précisé que les premiers vols d'essais, dont le premier doit se dérouler cet été, se feront avec les batteries au lithium.

Ces tests doivent évaluer notamment l'aérodynamique, les performances de l'avion, le système hydraulique ou la qualité du vol et peuvent être effectués avec n'importe quelle batterie.

En revanche, les tests ayant trait aux systèmes électriques devront être réalisés avec les batteries au cadmium.

Les batteries sont nécessaires pour mettre sous tension l'avion.

Elles sont aussi un moyen de secours ultime pour utiliser les commandes de vol en cas de panne de tous les moteurs.

Les avionneurs, en quête de performance technologique, se sont tournés vers le lithium qui présente de multiples avantages: à masse et à volume donnés, les batteries au lithium possèdent plus d'énergie stockée.

Elles prennent moins de place et sont moins lourdes, ce qui permet une économie de consommation de carburant.

Enfin, elles ne se déchargent pas et leur durée de vie est un peu meilleure.

Les batteries d'Airbus sont fabriquées par Saft, celles du Boeing 787 sont fabriquées par le japonais GS Yuasa.

Airbus a toujours défendu ses propres batteries, disposant d'une architecture différente qu'il juge plus sûre que celle de son concurrent.

Pour autant, l'idée de revenir à la précédente technologie a fait son chemin devant les longueurs prises par l'enquête sur les incidents dont a été victime le Dreamliner.

L'enjeu pour Airbus est de ne pas accuser de retard supplémentaire sur son propre programme.

Le 1er février, le PDG d'Airbus, Fabrice Brégier, avait lui-même préparé les esprits: «rien n'empêche de revenir à une approche traditionnelle».

L'A350 sera proposé en trois versions.

Le premier modèle à être commercialisé sera l'A350-900 (314 sièges).

Il doit être suivi en 2016 par l'A350-800, plus petit avec 270 sièges, et en 2017 par le gros modèle, A350-1000, conçu pour 350 sièges.