Un autre manufacturier établi de longue date à Montréal rend l'âme, cette fois dans l'industrie du plastique, provoquant la perte d'au moins 143 emplois directs d'ici janvier prochain.

Plastique Transco est un fabricant de pellicules de plastique imprimées pour l'emballage de produits de consommation dans divers secteurs: les aliments et boissons, les articles vestimentaires, les articles électroniques.

La raison de sa fermeture, selon son président et coactionnaire Mitchell Herman: Transco est rendue à bout de souffle financier après «plusieurs années de pertes majeures» attribuées à la baisse des prix dans son marché et à la «vigueur soutenue du dollar canadien».

Il s'agit aussi d'une triste fin pour une PME manufacturière d'expérience, comme il en reste peu d'ailleurs à Montréal même, pour diverses raisons.

En affaires depuis 75 ans, et établie depuis longtemps dans le quartier industriel Chabanel au centre de l'île de Montréal, Transco a grandi jusqu'à un chiffre d'affaires voisinant les 50 millions de dollars par année.

À son apogée, Transco réalisait la majeure partie de ses ventes à l'exportation auprès de clients américains. Elle avait alors une capacité de transformation atteignant les 16 millions de kilos de plastique (polyéthylène) par année.

Dans ce contexte, la fermeture prochaine de l'usine de Transco ne surviendra pas faute d'avoir tenté de s'en sortir autrement, selon son porte-parole externe, Stéphane Vidal, de la firme Maison Brison.

D'une part, les dirigeants-actionnaires de Transco auraient tenté depuis plusieurs mois de trouver des partenaires d'affaires pour donner un nouveau souffle à l'entreprise.

D'autre part, il appert qu'en dépit de ses défis d'affaires, Transco s'était doté de technologies de production assez performantes pour intéresser des acheteurs.

Ironie du sort, ou faute de mieux dans les circonstances, c'est finalement auprès de l'un de ses principaux concurrents, le groupe américain AEP Industries, que Transco a négocié la vente de ses meilleurs équipements.

Établi au New Jersey, et inscrit à la Bourse NASDAQ, AEP Industries est une entreprise qui fait plus de 20 fois la taille de Transco en fonction du chiffre d'affaires.

Selon ses récents résultats, AEP devrait franchir le seuil du milliard de dollars US en revenus, avec un bénéfice net en redressement aux environs de 12 millions US.

AEP a convenu de payer au moins 5,3 millions US à Transco pour acheter ses principaux équipements. Après la fermeture de l'usine de Montréal, prévue pour le 18 janvier, ces équipements seront déménagés dans une usine d'AEP aux États-Unis.

Dans un avis écrit obtenu par La Presse Affaires, le président et chef de la direction d'AEP, Brendan Barba, décrit cet achat comme «une extraordinaire occasion d'investissement». Cet achat, poursuit-il, permettra à AEP «d'agrandir sa présence déjà robuste dans l'industrie des emballages de plastique et de diversifier sa gamme de produits».

Chez Transco, l'ambiance est tout autre depuis l'annonce aux employés, lundi, de la fermeture de l'usine dans trois mois.

«C'est triste, en effet, même s'ils savaient depuis un certain temps que l'entreprise avait des problèmes. Il y a des gens de divers âge ici, certains à l'emploi de Transco depuis plusieurs années et d'autres depuis quelques mois à peine», a décrit Stéphane Vidal, porte-parole de l'entreprise.

Toujours selon M. Vidal, les dirigeants-actionnaires de Transco ont aussi mandaté une firme externe en «transition de carrière» afin d'aider ses prochains licenciés à trouver un emploi.