Le fabricant montréalais de simulateurs de vol Mechtronix est en train de procéder à une importante restructuration, une opération qui devrait être terminée d'ici deux ou trois semaines.

«Nous avons fait face à deux années de grosses turbulences, mais, au bout du compte, l'entreprise a réussi à se repositionner et à recentrer ses activités, a affirmé le chef par intérim de la direction financière de Mechtronix, Paul Guay, dans une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. Nous avons abandonné des activités non rentables et des activités en voie de développement pour nous recentrer sur ce que nous savons faire dans le contexte actuel, soit des simulateurs de vol.»

Mechtronix a également revu toute sa structure financière et « corporative «, beaucoup trop lourde au goût de M. Guay.

«La structure s'est développée comme si nous allions être GM dans le futur, a-t-il déclaré. Nous sommes revenus à un niveau plus humble.»

Le chef de la direction financière a expliqué que, jusqu'en 2008, Mechtronix connaissait une croissance de 15 à 20% par année.

«Nous avions mis une structure en place pour faire face à ça, a-t-il indiqué. Mais notre taux de croissance n'est plus de 15%.»

La récession de 2008-2009 a eu des impacts tardifs, mais sérieux, sur l'industrie aéronautique. Les carnets de commandes des avionneurs se sont amincis, ce qui a réduit le besoin pour des simulateurs de vol.

Des transporteurs qui avaient commandé des simulateurs en 2008 ont éprouvé des problèmes de financement et ont eu de la difficulté à réunir les sommes nécessaires pour en prendre livraison en 2010, a raconté M. Guay.

«Mechtronix s'est tournée de bord pour trouver des solutions de rechange, mais ça fait des contrats moins rentables parce qu'il a fallu faire des compromis», a-t-il indiqué.

Le ralentissement a également amené les fabricants de simulateurs à abaisser leurs prix, ce qui a eu un impact négatif sur leur marge.

Au cours des 10 dernières années, M. Guay a effectué plusieurs mandats de redressement d'entreprise, notamment pour Desjardins Capital de risque et Fondaction. Cette expérience lui a permis de sentir que tout ne tournait pas rond lorsqu'il est arrivé en poste chez Mechtronix, en juillet 2011.

«Ça m'a permis de convaincre l'équipe de direction qu'il fallait donner un coup de barre, avant que ce coup de barre ne nous soit donné par quelqu'un d'autre.»

Recentrage en bonne voie

Mechtronix est maintenant en train de terminer son recentrage, le refinancement de la dette à long terme, la réorganisation « corporative «.

«L'entreprise fait face à toutes ses obligations financières, on continue à signer des contrats avec des clients, l'argent continue de renter, les fournisseurs continuent d'être payés, les employés continuent de fabriquer des simulateurs, a énuméré M. Guay. Mais je ne cacherai pas que tous sommes passés à travers deux années difficiles.»

Mechtronix, qui comptait environ 250 employés au Québec en 2008, n'en compte plus que 200. L'entreprise a aboli quelques postes, mais elle a aussi profité du roulement naturel dans ce type d'entreprise de haute technologie: elle n'a pas remplacé ceux qui partaient.

Mechtronix a été fondée au milieu des années 80 par des étudiants en génie de l'Université Concordia. La firme manitobaine Richardson Capital a investi dans l'entreprise, tout comme la Caisse de dépôt et placement du Québec.

«À cette étape-ci, comme tous les fils ne sont pas attachés, nous ne ferons pas de commentaires, sinon pour dire que nous accompagnons l'entreprise dans le processus», a déclaré une porte-parole de la Caisse, Sarah-Émilie Bouchard.