La mesure, brièvement évoquée dans le budget Bachand, n'a pas fait les manchettes, mais elle a réjoui l'industrie québécoise du vêtement: Québec versera 9,5 millions de dollars au cours des trois prochaines années pour la stimuler.

«J'étais très content, ce n'est pas souvent que notre industrie est mentionnée dans un budget, a déclaré le vice-président de Vêtements Peerless, Elliot Lifson, dans une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. Cela montre que la perception a changé, que nous ne sommes plus vus comme une industrie à son crépuscule, mais comme une industrie où règne la créativité et l'innovation.»

Le ministre des Finances Raymond Bachand a annoncé une enveloppe de quatre millions de dollars, une somme étalée sur les trois prochaines années, pour «lancer une offensive sur les marchés hors Québec».

Il s'agira notamment d'organiser des activités de promotion et de développement de marché, notamment aux États-Unis, en Europe, au Japon et en Amérique du Sud, et de bonifier un programme qui permet d'accueillir des acheteurs étrangers lors de la Semaine de mode de Montréal.

«Les choses ont changé, nous vivons maintenant dans un monde global», a souligné M. Lifson.

Québec investira également trois millions de dollars au cours des trois prochaines années dans un projet pilote pour aider l'industrie du vêtement à intégrer davantage les technologies de l'information.

Le gouvernement augmentera aussi de deux millions de dollars son soutien aux activités du Bureau de la mode de Montréal et aux événements comme la Semaine de mode de Montréal.

M. Bachand a finalement annoncé la création d'un groupe de travail pour mettre en valeur l'industrie.

Ce groupe de travail, qui sera présidé par M. Lifson et par la présidente du Groupe Dynamite Anna Martini, devra notamment dégager les avenues les plus prometteuses pour l'industrie de la mode et du vêtement, recommander des actions concrètes pour soutenir les entreprises du secteur et les aider à se positionner dans les créneaux à forte valeur ajoutée, créer des maillages entre les créateurs et les entreprises, et développer une stratégie de marque pour Montréal en tant que capitale de la mode.

«Tous les intervenants doivent travailler ensemble, a soutenu M. Lifson. Ce n'est plus possible de travailler en silos isolés.»

Le groupe de travail, qui disposera de 500 000$, devra faire rapport au ministre du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation d'ici le 15 janvier 2013.

«Le but, c'est d'arriver avec un plan d'action qui permettra à Montréal de prendre la place qu'elle mérite», a lancé M. Lifson.

Il a rappelé que l'industrie était en pleine transformation.

«Les stratégies ont changé, a-t-il déclaré. L'important, ce n'est plus nécessairement là où est située la machine à coudre, mais là où on retrouve la créativité et l'innovation.»

Difficile décennie

Au cours de la dernière décennie, l'industrie du vêtement a dû faire face à de sérieuses difficultés, notamment dans le domaine de la fabrication: la concurrence provenant de pays émergents a augmenté, divers quotas ont été éliminés et le dollar canadien a pris de plus en plus de force.

Selon le Conseil des ressources humaines de l'industrie du vêtement, le nombre d'emplois dans le secteur de la fabrication a chuté de 15% annuellement entre 2004 et 2009. Mais les autres secteurs, comme le commerce de gros, ont connu une certaine croissance, ce qui a permis de limiter les dégâts. Selon le conseil, l'industrie du vêtement et de la mode emploie autour de 75 000 personnes au Canada, dont 38 000 au Québec.

«Historiquement, le Québec a toujours représenté de 50 à 55% des emplois au Canada», a noté M. Lifson.

Il a affirmé que Montréal demeurait toujours un grand acteur dans le monde de la mode nord-américaine.

«Il y a trois grandes villes en Amérique du Nord lorsqu'on parle de mode: New York, Los Angeles et Montréal», a-t-il déclaré.