Les années se suivent et se ressemblent pour la vénérable maison Hermès, en guerre avec le géant du luxe LVMH: malgré la crise, le célèbre fabricant des carrés en soie va enregistrer en 2011 les meilleures ventes de son histoire, dopées par une solide demande mondiale pour le luxe.

«Hermès va bien!», s'est réjoui vendredi Patrick Thomas, le gérant du sellier, commentant les ventes du troisième trimestre. En 2011, «on va battre les chiffres de 2010 qui étaient de 2,4 milliards d'euros de ventes», a-t-il déclaré à l'AFP.

Depuis deux ans, trimestre après trimestre, les revenus de la maison du Faubourg-Saint-Honoré, connue pour ses foulards et ses sacs, n'ont de cesse de grimper.

Sur le troisième trimestre, les ventes ont bondi de 16% à 683,2 millions d'euros. À la fin septembre, donc sur neuf mois, les ventes de la maison Hermès s'établissent à 1,98 milliard d'euros. Or, le quatrième trimestre est une période traditionnelle de forts revenus en raison des fêtes de fin d'année.

Hermès, un des dépositaires du chic français, a ainsi relevé, sans grande surprise, pour la deuxième fois ses prévisions de ventes annuelles. Il s'attend désormais à une hausse de ses ventes annuelles comprise entre 15% et 16%, soit aux alentours de 2,8 milliards d'euros, du jamais vu.

Le sellier aurait même pu miser sur les 3 milliards d'euros de ventes s'il avait accru ses capacités de production, estiment les analystes du courtier CM CIC.

En France, par exemple, les magasins sont en rupture de stock dans la maroquinerie en raison d'une forte demande, fait-on remarquer. «Nous refusons de banaliser nos produits. Ce qui nous intéresse c'est la qualité, le savoir-faire et non le volume», plaide Patrick Thomas.

Comme pour les autres groupes de luxe -Burberry, Tiffany, LVMH (Louis Vuitton, Guerlain...), Richemont (Cartier, Montblanc...) - cette stratégie marche.

La rentabilité du sellier serait en 2011 «légèrement supérieure au niveau historique atteint en 2010», qui était à 27,8% du chiffre d'affaires, soit la meilleure marge jamais réalisée depuis son entrée en Bourse en 1993.

«La demande pour nos produits continue à se développer aussi bien dans les marchés émergents que dans les marchés matures grâce à de nouvelles créations comme les nouveaux modèles de sacs Lindy et Jypsière», explique Hermès.

Le fabricant des mythiques sacs Kelly et Birkin a en effet enregistré une hausse de ses ventes en Europe (+18,5%) et en Amérique (+19,5%) au troisième trimestre.

Même au Japon, frappé par un séisme meurtrier en mars dernier, les affaires sont reparties. Hermès y affiche une croissance de plus de 5% de son chiffre d'affaires. Dans le reste de l'Asie, les revenus ont progressé de 29%, confirmant une fois de plus qu'elle est le nouvel eldorado du luxe avec ses clients férus de marques.

Alors que nombre d'entreprises sont prudentes au regard du ralentissement économique actuel, Hermès entend ouvrir «plus d'une dizaine de magasins» et rénover des succursales. Le sellier va notamment ouvrir un magasin à Bombay (Inde), un au Kazakhstan et «un plus grand» espace à Genève, a précisé son patron.

Reste la guerre avec le numéro un mondial du luxe, LVMH, entré abruptement dans son capital il y a un an et devenu depuis le premier actionnaire individuel. «Il n'y a pas de contact avec (LVMH), pas de discussion», confie Patrick Thomas.

Les héritiers de Thierry Hermès ont en outre confirmé vendredi qu'ils allaient bel et bien constituer leur société de participation, arme anti-LVMH, «avant Noël», balayant au passage les informations sur des tensions internes.

Cette société de participation, qui devrait regrouper au moins 51% du capital détenu par les trois branches Hermès, Dumas, Guerrand et Puech, a été l'objet d'un bras de fer judiciaire, finalement remporté par la famille, avec l'association des actionnaires minoritaires (Adam).

Elle les dispense de lancer une offre publique d'achat (OPA), procédure onéreuse, sur le solde du capital non détenu.

À la Bourse de Paris, les investisseurs saluaient cette performance. L'action gagnait 1,61% à 248,60 euros en baisse de 0,37% vers 8h15, heure de Montréal.