Mauvaise nouvelle pour les organisateurs de fêtes pour enfants. Les boutiques qui vendent des ballons doivent composer avec une pénurie d'hélium, conséquence d'une demande mondiale qui ne cesse de grimper et d'un arrêt de production dans une usine américaine.

La pénurie de ce gaz ultraléger commence à peser lourd pour André Cusson, propriétaire de Ballons Cusson, plus grand magasin du genre à Montréal. Depuis 1975, ce commerce vend des ballons et loue des bombonnes à ceux qui organisent des fêtes.

Lorsque les affaires battent leur plein, cette boutique utilise plus de 30 bonbonnes chaque semaine. Mais, depuis le mois d'août, son fournisseur est incapable de l'alimenter.

«On n'en a plus, résume André Cusson, propriétaire de la petite entreprise. On en commande 36 cylindres par semaine et notre distributeur nous en envoie un ou deux!»

Depuis des semaines, M. Cusson fait des pieds et des mains pour obtenir le précieux gaz auprès d'autres fournisseurs. Certains distributeurs ont doublé leurs prix. Et malgré ses efforts, il peine à suffire à la demande de sa clientèle.

«On perd des ventes, dit-il. Surtout sur la vente de cylindres d'hélium que les clients utilisent pour faire leurs propres ballons.»

André Cusson n'est pas seul dans cette situation. Martha Monchez, propriétaire de la boutique La Fiesta Idéal, rue Saint-Zotique, a dû changer de fournisseur pour obtenir de l'hélium. Et encore, elle n'a plus accès à de petites bonbonnes, ce qui l'empêche de satisfaire certains clients.

«Nous faisons de la décoration de salles pour certains clients, explique-t-elle. Mais puisque nous ne pouvons transporter nos bonbonnes, on ne peut plus répondre à ceux qui demandent beaucoup de ballons.»

«Ça va coûter de plus en plus cher de gonfler des ballounes à l'hélium», convient Yves Côté, du distributeur Linde Canada.

Après l'hydrogène, l'hélium est l'élément le plus abondant dans l'univers. Mais il est beaucoup plus rare sur la surface de la Terre. On le capte dans les lieux de production de gaz naturel.

On compte une demi-douzaine d'usines d'hélium sur la planète, explique Mike Finkelstein, directeur principal chez Air Liquide, l'un des principaux distributeurs de gaz du monde. L'une d'entre elles approche la fin de sa vie utile, et sa production baisse d'année en année. D'autres doivent parfois fermer temporairement pour des raisons de maintenance, comme l'a récemment fait un établissement d'Exxon au Wyoming.

Pendant ce temps, la demande mondiale croît sans cesse. L'hélium sert à fabriquer des sacs gonflables dans les voitures, à faire fonctionner des appareils d'imagerie par résonance magnétique et à fabriquer des téléviseurs à écran plat.

Priorité santé

«Il faut être responsable, explique M. Finkelstein. Lorsqu'il y a des problèmes de pénuries, les clients qu'on priorise sont ceux du domaine de la santé et les usines industrielles.»

C'est donc dire que les magasins de ballons sont souvent les derniers à recevoir leurs bonbonnes, s'il en reste.

«Il faut mettre la santé avant le party», résume Yves Côté.

Au cours des dernières années, Air Liquide a mis au point de nouveaux produits pour remplacer l'hélium dans les procédés industriels. Puisqu'elle a diversifié ses sources d'approvisionnement, la société affirme qu'elle n'est plus en situation de pénurie depuis la semaine dernière.

Il y a deux ans, Air Liquide a mis en chantier une nouvelle usine de production d'hélium au Qatar. Cet établissement devrait ouvrir ses portes en 2013, et augmenter la production mondiale du gaz de 25%.

«Les fêtes pour enfants seront sauvées», lance à la blague Mike Finkelstein.

En entrevue, il a tenu à prévenir des risques reliés à l'inhalation d'hélium. Chaque année, des dizaines de personnes sont hospitalisées après avoir respiré le gaz, qui rend la voix plus aiguë. Une précaution d'autant plus sage en période de pénurie.