Abrupte fin de l'histoire pour les 178 employés de Technicolor à Mirabel, qui ne produiront plus de films hollywoodiens sur des bobines de 35 mm.

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L'entreprise française a annoncé hier la fermeture de son usine de Mirabel, sacrifiée dans un accord de sous-traitance avec son concurrent Deluxe, désormais responsable de la production des films 35 mm en Amérique du Nord. Ces bobines ont de moins en moins la cote dans les salles de cinéma, qui se convertissent à la technologie numérique. «D'ici à la fin de l'année, on prévoit que 60% des salles seront converties au numérique. Dans ce contexte, c'est une décision d'affaires assez responsable», dit Pierre Moreau, vice-président des services créatifs de Technicolor au Canada.

Le syndicat est néanmoins surpris de la décision de Technicolor, qui a conclu en novembre dernier une convention collective de cinq ans avec ses 178 employés à Mirabel. «On s'attendait à des mises à pied, mais pas de façon aussi massive et rapide, dit Denis Bolduc, secrétaire général du Syndicat canadien de la fonction publique au Québec. On ne prétend pas que c'est un secteur en expansion, mais on venait de signer une convention collective pour gérer la décroissance. Est-ce que Technicolor avait des intentions cachées?»

Selon le syndicat, c'est plutôt la fin des crédits d'impôt de Québec qui a scellé le sort l'usine de Technicolor à Mirabel. «L'entreprise s'en va-t-elle parce qu'elle ne profitera plus des crédits d'impôt, qui se terminent à la fin de l'année? Les gens sont en droit de le penser», dit Denis Bolduc.

Investissement Québec n'était pas en mesure, hier, de confirmer que les crédits d'impôt consentis à Technicolor pour faire partie de la Zone de commerce électronique de Montréal à Mirabel se terminent à la fin de 2011. Ces mesures, qui comprennent un congé fiscal pour l'entreprise et des crédits d'impôt sur les salaires, ont été abolies par le gouvernement Charest en 2003, mais des mesures transitoires vont jusqu'en 2013.

À son arrivée à Mirabel, en 2001, Technicolor avait l'ambition de créer «le plus grand laboratoire de films du monde», selon son président de l'époque. Technicolor avait investi 45 millions de dollars pour créer 275 emplois au Québec après avoir eu des discussions avec le ministre des Finances d'alors, Bernard Landry, au sommet économique de Davos.

Ce dernier trace un bilan positif de la venue de Technicolor à Mirabel malgré la fermeture d'hier. «C'est une tragédie pour les employés, mais la plupart d'entre eux pourront se replacer rapidement, car le Québec manque de main-d'oeuvre dans ces secteurs, a-t-il dit. On doit sympathiser avec les familles qui vivent ce soubresaut, mais c'est une excellente affaire de travailler 10 ans pour la même entreprise dans un secteur de haute technologie.»

Depuis 10 ans, les employés de Technicolor ont produit des copies 35 mm de plusieurs films à grand déploiement de Hollywood, dont le dernier Harry Potter. Les employés, qui gagnaient jusqu'à 62 400$ par année, recevront 12 semaines de salaire à titre de préavis, en plus d'une indemnité de départ de 3 à 26 semaines de salaire. Le syndicat pense que la plupart de ses membres pourront se trouver un emploi à court terme.

Technicolor compte 1200 employés au Canada dans ses cinq bureaux à Montréal et ses bureaux à Toronto. En plus de Mirabel, l'entreprise fermera son usine de North Hollywood, à Los Angeles, d'ici à la fin de l'année.

- Avec La Presse Canadienne