Les irrégularités découvertes par le vérificateur général ne compromettent pas les activités de BIXI à l'étranger, estime l'entreprise américaine qui fait équipe avec l'exploitant de vélo-partage. Au contraire, Alta Bicycle Share aimerait acquérir le lucratif volet international de la société.

«Si les activités internationales sont effectivement mises en vente, ce qui semble être le cas, Alta sera intéressée, a indiqué la présidente de l'entreprise, Alison Cohen, en entrevue à La Presse Affaires. Nous adorons le produit et nous serions intéressés à en faire l'acquisition.»

Alta Bicycle Share, dont le siège social est à Portland, en Oregon, connaît très bien BIXI et sa société mère, la Société de vélo en libre-service (SVLS). Depuis sa fondation, en 2009, elle s'est associée à l'entreprise montréalaise à plusieurs reprises pour mettre sur pied des réseaux de vélos en libre-service à l'extérieur du Canada.

Le tandem a notamment mis sur pied le Melbourne Bike Share en Australie, le Capital Bikeshare à Washington, ainsi que le futur Boston Hubway, qui entrera en service le mois prochain dans la ville des Bruins. Les partenaires sont également finalistes pour l'obtention du supercontrat que s'apprête à attribuer New York, qui comportera jusqu'à 10 000 vélos.

Alison Cohen n'a pu donner des détails sur une éventuelle offre d'achat, puisque le processus de mise en vente n'en est qu'à ses balbutiements. Et elle ignore si d'autres investisseurs seront sur les rangs.

«Nous venons tout juste d'être informés de la situation, a-t-elle expliqué. Nous exploitons déjà le système et nous adorons l'idée de tout rassembler sous un même toit.»

La SVLS est forcée de se départir de ses activités internationales d'ici la fin de l'année, a révélé lundi le vérificateur général Jacques Bergeron dans un rapport très attendu. Le gouvernement provincial l'a obligé à le faire, sans quoi elle n'aurait pu profiter d'une aide financière de 108 millions de dollars de la Ville de Montréal. C'est que la loi interdit aux villes de financer des activités commerciales à l'étranger.

En point de presse, lundi soir, le président du conseil d'administration de la SVLS, Roger Plamondon, a laissé entendre que des investisseurs privés pourraient racheter les activités internationales de BIXI. Mais, pour l'heure, cette division n'est pas formellement à vendre, a indiqué le porte-parole, Michel Philibert.

«Ce que nous faisons en ce moment, avec la Ville, nous élaborons tous les scénarios possibles pour trouver la meilleure entente possible pour la Ville, pour BIXI et, éventuellement, pour un acheteur», a-t-il indiqué.

Il n'a pas été en mesure de dire si des acquéreurs potentiels s'étaient manifestés.

L'exportation du concept de BIXI a généré des ventes de 47,5 millions et un bénéfice de 8,5 millions l'an dernier, selon les derniers états financiers de l'entreprise à but non lucratif. Ses revenus à l'étranger lui ont permis d'effacer des pertes de 7 millions dans ses activités montréalaises.

Un rapport cinglant

La mise sur pied de BIXI s'est faite au détriment de plusieurs «règles élémentaires de gestion», a dénoncé le vérificateur général. L'entreprise manque de transparence et elle utilise une comptabilité «discutable», a-t-il ajouté. Il souligne par ailleurs que la SVLS aura du mal à rentabiliser ses activités locales tout en cédant ses activités internationales. Et ce sont les contribuables montréalais qui feront les frais d'un éventuel déficit.

Alison Cohen a pris connaissance du rapport du vérificateur général, et elle est bien au fait de la controverse qui a entouré l'octroi d'une aide financière de 108 millions le mois dernier. Mais cela ne remet pas en cause le partenariat qu'elle forme avec la SVLS.

«C'est une critique qui touche des événements survenus en 2008 ou en 2009, lorsque l'entreprise a été mise sur pied, a affirmé la présidente d'Alta Bike Share. En ce qui nous concerne, le financement qui a été garanti par la Ville de Montréal et approuvé par le gouvernement du Québec et toujours en place. C'est pourquoi je ne pense pas que ce rapport affecte nos projets actuels et futurs avec la SVLS.»