Le groupe américain de pharmacie et d'hygiène Johnson & Johnson (JNJ) a mis la main sur le spécialiste américano-suisse des équipements chirurgicaux Synthes pour plus de 21 milliards de dollars, lui permettant de se renforcer dans un secteur en forte croissance.

Synthes, qui avait confirmé courant avril mener des discussions avec le géant américain, a annoncé mercredi avoir conclu un accord définitif avec Johnson & Johnson qui va débourser 21,3 milliards de dollars US pour racheter le spécialiste des équipements chirurgicaux.

Cette opération, qui doit être bouclée au premier semestre 2012, est la troisième plus importante cette année, derrière le rachat pour 25 milliards de dollars du producteur américain d'électricité Progress Energy par son concurrent Duke Energy et le projet d'achat aux États-Unis de T-Mobile par AT&T pour 39 milliards.

La société d'origine helvétique sera intégrée dans la division systèmes médicaux et diagnostics de Johnson & Johnson, qui compte également les filiales médicales Depuy du groupe américain.

Synthes, fondé à la fin des années 1950 et qui est notamment spécialisé dans les vis, plaques et implants pour la chirurgie, va venir renforcer les activités de Depuy, axées sur l'orthopédie et les implants pour la colonne vertébrale, ont expliqué les deux groupes.

«Depuy et Synthes vont ensemble créer l'activité orthopédique la plus innovante et complète au monde», a estimé le PDG du groupe américain, Bill Weldon, cité dans le communiqué.

«Le secteur orthopédique est un vaste marché en croissance de 37 milliards de dollars et représente un important moteur de croissance pour Johnson & Johnson», a-t-il ajouté.

La fusion entre les deux spécialistes des équipements chirurgicaux permettra de mieux prendre en compte des tendances comme le vieillissement de la population, l'augmentation de l'obésité, les maladies inflammatoires des articulations et de répondre à la demande croissante en soins dans les pays émergents.

Les conseils d'administration des deux groupes ont d'ores et déjà approuvé la transaction. Le fondateur et président de Synthes, Hansjörg Wyss, et d'autres membres de la direction, ont accepté d'échanger leurs actions.

Cette opération devrait considérablement augmenter la fortune personnelle du suisse Hansjörg Wyss, qui détenait fin 2010 quelque 40% de Synthes. Selon Forbes, sa fortune a été estimée en 2010 à 6,1 milliards de dollars.

À l'ouverture de la Bourse suisse, ce rachat a fait bondir de plus de 3,6% le cours de Synthes, qui s'est stabilisé en hausse de 0,41% à 147,10 francs suisses dans un marché en progression de 1,73%.

Les analystes de la Banque cantonale de Zurich (ZKB) se sont déclarés «surpris» par cette opération, M. Wyss n'ayant pas voulu jusqu'à présent céder son activité.

«Le prix est plutôt dans le bas de la fourchette» des attentes de la ZKB, ont-ils ajouté dans une note. Les analystes de Vontobel ne s'attendent pas à une contre-offre, estimant que Johnson & Johnson était le seul acquéreur «logique» de Synthes.

Synthes, basé en Pennsylvanie (est des États-Unis), emploie plus de 11000 personnes dans le monde et a dégagé l'année dernière des ventes en hausse de 8,8% à 3,7 milliards de dollars pour un bénéfice net de 907,7 millions (+10,2%). Il doit publier jeudi son chiffre d'affaires au premier trimestre.

Le groupe s'est forgé une solide réputation dans le traitement des fractures complexes, comme celles de la colonne vertébrale et de la mâchoire, mais aussi dans la fabrication de biomatériaux permettant de remplacer des parties des os.