La main-d'oeuvre en production dans le secteur du vêtement canadien vieillit. Environ 20% des travailleurs auront l'âge de partir à la retraite dans cinq ans. Mais la relève est absente. Si bien qu'il y aura, en 2013, 7000 postes à combler dans ce qu'on appelle le secteur «des machines à coudre».

C'est une des conclusions d'une étude du Conseil des ressources humaines de l'industrie du vêtement (CRHIV), menée auprès de plus de 200 entreprises, dont les résultats ont été dévoilés hier. Celle-ci fait notamment état d'une industrie dans laquelle on trouve 73 000 employés pour une masse salariale de 3,4 milliards de dollars. Elle est désormais constituée non plus majoritairement de cols bleus, mais de cols blancs. Par ailleurs, plus de la moitié (53%) des emplois proviennent du secteur de la fabrication, 37% du commerce de gros et 10% du commerce de détail. «L'industrie s'est redéfinie, note Jean Rivard, directeur général du CRHIV. Elle se définit plus par les nouvelles activités de développement de produit, de marketing et de design que par la localisation des machines à coudre.»

Deux grands défis

Selon le CRHIV, il reste 25 000 employés en production de vêtements au Canada. Plus de la moitié (52%) se trouvent au Québec et le tiers en Ontario. On parle de coupeurs, de patronistes et d'opérateurs de machines à coudre, notamment. «L'industrie fait face aujourd'hui à deux grands défis, la formation et le recrutement de nouvelle main-d'oeuvre, dit Jean Rivard. Un des obstacles est que l'industrie est constituée à 80% d'entreprise de 50 employés et moins. C'est donc très difficile de faire des programmes de formation. Il faut aussi attirer une nouvelle génération de travailleurs, car il n'y a plus de sources et très peu d'inscriptions dans les programmes de formation professionnelle.»

«Plus de 70% des entreprises fonctionnent sans plan stratégique et seulement 18% des entreprises ont un plan satisfaisant de formation à l'interne», ajoute le consultant Alan Milstein, de Milstein&Cie Conseil.

Pour combler les postes, l'industrie compte notamment travailler avec des associations de nouveaux arrivants.

L'industrie aux 17 milliards de revenus annuels serait néanmoins vouée à grandir selon le CRHIV. D'ici deux ans, on prévoit qu'elle pourrait employer jusqu'à 86 000 personnes. «Comme une grande partie de la production a quitté le pays et qu'elle ne reviendra plus, l'industrie s'est développée sur les plans de la technologie, du marketing et des services, constate Alan Milstein. Les entreprises sont donc vouées à grandir.»