L'Américain General Mills, propriétaire des glaces Häagen-Dazs, s'est emparé de la moitié d'un des fleurons français de l'agroalimentaire, Yoplait, mettant fin au suspense entourant ce dossier suivi de près au sommet de l'État et ayant suscité les appétits des grands groupes mondiaux, dont un chinois.

«C'est finalement l'américain General Mills qui va acquérir Yoplait», première marque à avoir lancé des pots en carton, ou le yaourt aux fruits, au terme d'une bataille intense, a annoncé jeudi le quotidien Le Figaro sur son site internet.

«L'accord est en train d'être finalisé entre General Mills et Yoplait. L'annonce officielle doit être faite au plus tard demain (vendredi)», a confirmé à l'AFP une source proche du dossier ayant requis l'anonymat.

«La Société Générale qui est responsable de la vente nous a indiqué que l'accord n'était pas encore signé», a pour sa part déclaré à l'AFP un porte-parole du groupe chinois Bright Food, qui était donné favori à la reprise des 50% de Yoplait, mises en vente par le fonds d'investissement PAI Partners.

Le groupe américain va débourser une somme qui valoriserait la marque à la petite fleur à 1,6 milliard d'euros pour reprendre la moitié du capital du groupe de produits laitiers, rapporte pour sa part le Financial Times, citant des sources bancaires.

Une réunion du Comité central d'entreprise (CCE) sur cet accord est prévue  la semaine prochaine à Paris, a indiqué à l'AFP Thierry Renaudin, le délégué central CGT de Yoplait France, première organisation syndicale.

Ni Yoplait, ni PAI, ni Sodiaal (le deuxième actionnaire de Yoplait) n'étaient joignables pour commenter ces informations.

PAI avait acquis 50% du numéro deux mondial des produits laitiers frais en 2002 pour 200 millions d'euros au groupe coopératif Sodiaal, qui était à la recherche à l'époque d'argent frais. L'ancêtre de Sodiaal, Sodima, avait lancé la marque à la petite fleur en 1965, trente-six ans après Danone.

À l'époque Yoplait ne s'était pas encore transformée en la pépite qu'elle est devenue à coup d'agressivité commerciale et d'innovations. Il dégageait en 2002 environ 51 millions d'euros de bénéfices, contre 153 millions selon les prévisions 2011.

«On ne connaît pas General Mills, on va attendre de voir ce qu'ils ont en tête pour les emplois», a commenté M. Renaudin (CGT).

L'agroalimentaire est souvent présenté comme stratégique en France. En 2005, l'État s'était mobilisé pour éviter un éventuel rachat de Danone, le leader mondial des produits laitiers frais par le groupe américain de boissons sans alcool Pepsico.

Dès le début, le gouvernement français n'a eu de cesse de marteler que le repreneur d'une moitié de Yoplait devrait préserver les intérêts des producteurs de lait français.

Les différents candidats ont ainsi déployé une offensive de séduction auprès de l'Élysée, du ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire, de l'entourage de la ministre de l'Économie Christine Lagarde, selon des sources proches du dossier.

Le nouvel actionnaire devrait aussi permettre au groupe français de «consolider» ses positions en France et se développer sur les marchés émergents comme la Chine, avait précisé PAI.

General Mills, qui exploite plus d'une centaine de marques dont les glaces Häagen-Dazs, les conserves Géant Vert, les spécialités mexicaines Old El Paso ou encore les céréales Cherrios, a bénéficié de ses liens historiques avec Yoplait, selon certaines sources.

Le groupe américain, basé dans l'État du Minneapolis, est en charge de la distribution des yaourts Yoplait aux États-Unis, où la marque à la petite fleur est le numéro un des produits laitiers frais.

La direction de Yoplait s'était dite, elle, favorable à l'arrivée du suisse Nestlé, tandis que l'offre de la société chinoise Bright Food était considérée comme la plus attractive en termes de prix.

Yoplait a généré environ 3,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2010 grâce aux franchisés, notamment aux États-Unis.