La Toy Fair de New York s'annonce comme la plus grande foire du jouet de l'hémisphère occidental. Ce serait sans doute vrai si cet hémisphère s'arrêtait aux frontières de l'Allemagne.

Mais depuis plusieurs années, elle a été dépassée, en taille et en importance, par celle de Nuremberg, qui a pris fin quelques jours à peine avant l'ouverture de celle de New York.

Kevin Richer, président du fabricant de jouet québécois Wooky Entertainment, avait deux stands à Nuremberg. «Nuremberg, c'est six à sept fois la superficie de New York, assure-t-il. C'est la foire la plus grande et la plus prestigieuse.» Hong Kong est l'autre grande plaque tournante du commerce mondial du jouet. Wooky y possède une salle d'exposition permanente. «Environ 60 à 70% du marché de masse du jouet se règle là, entre octobre et janvier», décrit Kevin Richer.

Entre janvier et mars, Wooky reçoit confirmation de ces commandes. Au moment de la Foire de New York, l'essentiel est déjà réglé.

Les grands contrats nord-américains pour Noël de l'année suivante ont eux aussi été signés à l'automne. Dans leurs propres locaux, Mattel et Hasbro ont présenté aux grands acheteurs - les Walmart et autres Toys 'R' Us - leurs propositions d'affaires, leurs nouveaux produits, leurs étalages, et les campagnes de publicité de plusieurs millions de dollars qui accompagneront cette offensive.

Pour les grands, la foire de New York est une espèce de party de fin d'année déphasé. «On se tape dans le dos, exprime Christian Lemire, gérant du design pour la catégorie Kids and Collectors chez Mega Brands. Pour le Noël suivant, c'est déjà réglé. On montre nos plus beaux modèles, nos nouvelles productions.»

La Toy Fair de New York s'adresse davantage aux détaillants spécialisés et aux petites chaînes. Ce qui n'empêche pas les grands acheteurs de fureter dans les allées par acquit de conscience, question de ne pas manquer un nouveau jouet miracle. Mais ils sont rares.