Oüm, cette marionnette en peluche bleue qui entraîne les jeunes enfants dans ses activités musicales et artistiques sur DVD, en est à deuxième présence à New York. «L'an passé, on cherchait un distributeur», déclare Sophie Marcil, créatrice de cette animation vidéo avec sa partenaire Christine Jacques. «Cette année, on espère signer des contrats avec une centaine de magasins.»

Elles ont appris. L'an passé, leur stand ne comportait que des tentures noires et une présentation vidéo de leur DVD d'animation et d'exercice. Cette année, leur présence à New York leur coûtera entre 12 000 et 15 000$. Elles ont chargé leur camionnette louée du matériel préparé pour l'occasion: tapis blanc, panneaux suspendus en vinyle, où sont imprimées des tablettes en trompe-l'oeil et où la nouvelle poupée Oüm apparaît en mille positions. Car ils doivent convaincre de l'intérêt du produit, mais également de ses outils de marketing.

Tout peut se jouer en deux minutes. Un regard, une discussion, une carte professionnelle, une promesse d'appel...

Oüm est un des 17 fabricants et distributeurs québécois présents au Toy Fair. Mais tous ne caressent pas le rêve de séduire Toy 'R' Us ou Wal-Mart. «Ouvrir un compte chez Walmart, ça ne se fait pas, je n'irais jamais là toute seule, lance Nathalie Barcelo, présidente des jeux d'assemblage Bloco. Si tu ne vends pas pour un million en partant, je ne sais même pas s'ils vont t'ouvrir la porte.»

Ses animaux et personnages taillés dans des plaques de mousses de plastique colorées ont plutôt trouvé leur chemin vers plusieurs boutiques de jouets et de cadeaux américaines. À New York, Nathalie Barcelo et son vice-président Jean Théberge présentent notamment leur nouveau château fort médiéval, lui aussi en plaques de mousse.

À leur troisième visite à New York, ils aimeraient attirer le regard des chaînes de moyenne taille, à mi-chemin entre les «magasins de papa et maman» et les géants. Mais pendant notre visite, un représentant de Toys 'R' Us s'est arrêté. Et soudain, d'autres espoirs naissent...

Succès planétaire

Un peu plus loin, Wooky Entertainment montre tous les indices d'un succès déjà bien installé: son stand de 20 pied sur 20 pied est parcouru d'une structure en aluminium, couverte de panneaux illustrés. «On a 150 agents aux États-Unis, explique son président et propriétaire, Kevin Richer. Il faut que le stand puisse soutenir un bon roulement.»

Pourtant, l'entreprise montréalaise est encore dans l'enfance: fondée en 2007, elle n'a pas encore quatre ans.

Son grand succès est la marque de jeux de création-mode pour préadolescentes Style me up. Un graphisme attrayant et des emballages originaux lui ont déjà valu une distribution dans 45 pays. «On lance d'abord une marque, et ensuite les jouets», décrit Kevin Richer.

Il expose à la foire de New York pour soutenir la distribution sur le marché intérieur... car les États-Unis sont pour lui un marché intérieur. Près de 70% de ses ventes sont réalisées à l'extérieur de l'Amérique du Nord.

Ce marché international, Kevin Richer l'a acquis surtout à Hong-Kong, où il maintient une salle d'exposition permanente. «Environ 80% de nos affaires se règlent là-bas.»

Ériger un succès

BRIK-A-BLOK, pour sa part, tente de rééditer l'exploit de Mega Brand. L'entreprise de Vincent Michalk fabrique des panneaux carrés, moulés par injection, qui s'assemblent pour faire des structures à base cubique.

Il a puisé son inspiration dans les maisonnettes en coussins de canapés qu'il érigeait dans le séjour de ses parents.

Des négociations sont en cours avec Home Depot et Toys 'R' Us, qu'il espère faire progresser à New York. Il montre un document détaillé qu'il a déjà préparé à leur intention.

«Le but, c'est d'entrer dans le marché de masse, dit-il. Quand tu réussis, tu passes de presque rien à 100, 140, 200 millions.»

Mais le miracle pourrait faire mal. Si Toys 'R' Us achetait trois ou quatre palettes pour chacun de ses 800 points de vente américains, la commande accaparerait la totalité de la production de BRIK-A-BLOK. Vincent Michalk devrait alors injecter des capitaux pour des nouveaux moules avant de pouvoir injecter du plastique. Il cherche un investisseur prêt à y mettre au moins 600 000$.

Apparences de succès

Le tout jeune fabricant de jeux de société GameBrotherz est venu à New York pour pêcher dans les eaux américaines, mais ce sont les Européens qui semblent mordiller à l'hameçon. À sa deuxième présence à la foire, la petite entreprise de Gatineau présente ses trois nouveaux jeux de société, Monsieur Facteur Junior, Boo et Spuzzle. «Déjà, aujourd'hui, on a eu des contacts avec un gros distributeur européen», confie Patrick Imbeau, dimanche après-midi.

Avant de quitter New-York, lundi après-midi, nous avons fait une dernière vérification au stand d'Oüm: «On nous a passé quelques commandes, a confiée Christine Jacques, mais surtout, il y a de l'intérêt: 50 magasins ont laissé leur carte.» Ils ont surtout laissé de l'espoir et de l'énergie. C'est ce qu'on vient chercher à New York.

-------------------

Le 108e Annual American Toy Fair en quelques chiffres

30 000 visiteurs de 100 pays

Plus de 1100 exposants

27 pays représentés

23 des 25 plus grandes entreprises au monde

Plus de 100 000 produits

Surface de 365 500pi2

-------------------

LE MARCHÉ DU JOUET: DU SÉRIEUX

Marché mondial :75 milliards US

Marché américain: 21,8 milliards US

Marché canadien: 4,03 milliards CAN (2009)