Près de 300 travailleurs américains perdront leur emploi lorsque le fabricant de vêtements Gildan (T.GIL) transférera sa production de bas de Fort Payne, en Alabama, vers l'Amérique centrale.

La société montréalaise, qui n'a plus d'usines de production au Canada depuis 2007, a informé mercredi 280 employés que les quatre installations de Fort Payne où ils travaillent, en Alabama, seraient fermées d'ici le mois d'avril.

Les anciennes usines de V.I. Prewett & Son employaient quelque 1300 travailleurs lorsque Gildan a racheté, en 2007, le plus grand fournisseur de bas de Walmart pour 135 millions $ US.

À l'époque, Gildan avait affirmé que son plan d'intégration conserverait une partie de la production de Prewett en éliminant le recours à entrepreneurs externes.

Mais des vagues successives de mises à pied à chacune des trois années suivantes ont éliminé plus de 1000 emplois dans une région qui se proclamait autrefois la «capitale mondiale des bas».

Gildan a invoqué mercredi la concurrence mondiale et les efforts de réduction de coûts dans un contexte où les prix des matériaux bruts sont en hausse, particulièrement ceux du coton.

«C'est vraiment pour améliorer davantage notre chaîne d'approvisionnement, pour réduire nos coûts et pour conserver le niveau de compétitivité de l'entreprise alors que la pression sur les bas est forte», a indiqué la porte-parole Geneviève Gosselin, lors d'un entretien.

Environ 90% des employés remerciés sont des travailleurs horaires, le reste étant composé de cadres et d'employés administratifs. Aucun des travailleurs touchés n'est syndiqué.

Gildan emploiera toujours 1000 personnes dans son grand centre de distribution, ventes, marketing et administration de Charleston, en Caroline du Sud. Son siège social de Montréal compte 230 employés.

Selon Mme Gosselin, la décision de fermer les usines en Alabama ne visait pas simplement à économiser au niveau des salaires, même si ceux-ci sont bien moins élevés au Honduras. Deux installations dans le pays d'Amérique centrale produiront éventuellement 65 millions de douzaines de bas par année.

«Ce sont des installations de pointe. Elles sont intégrées verticalement alors tout est produit sous un même toit, ce qui est beaucoup plus efficace.»

Les coûts de transport peuvent en outre être réduits parce que les tricots n'ont pas à être déplacés d'un endroit à un autre avant d'être complétés.

Gildan tentera de relocaliser certains employés remerciés à Charleston si des emplois y sont disponibles et si les travailleurs ont les compétences requises, a ajouté Mme Gosselin.

Selon l'analyste Brian Yarbrough, de la firme Edward Jones, la décision de mettre fin à la production américaine ne devrait surprendre aucun employé puisque Gildan avait clairement laissé entendre depuis un an, lors des conférences téléphoniques au sujet de ses résultats trimestriels, qu'il comptait augmenter la production à Rio Nance 4.

L'usine de 80 millions a entamé sa production en avril et doit la faire progresser dans les prochaines années.

«C'est un événement malheureux pour les travailleurs, mais pour la compagnie, c'est définitivement positif pour la rentabilité et la suite des choses», a commenté M. Yarbrough lors d'un entretien depuis Chicago.

Le déménagement devrait permettre à Gildan d'économiser 1,50 $ US par douzaine de paires de bas.

Le fabricant au rabais a ouvert d'importantes installations de fabrication de vêtements et de bas dans les Caraïbes et en Amérique centrale, et plus récemment, au Bangladesh.

L'action de Gildan a clôturé mercredi à 29,20 $ à la Bourse de Toronto, sans changement par rapport à son précédent taux de clôture.