C'est dans une usine neuve à Memphis, au Tennessee, que le géant suédois des électroménagers Electrolux déménagera toute la production des cuisinières qu'il cessera au Québec, dans deux ans.

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Et n'en déplaise aux 1300 salariés qui perdront leur emploi à l'usine de L'Assomption à la fin de 2012, c'est sur un tapis rouge bardé de subventions qu'Electrolux est accueilli par la ville de Memphis et l'État du Tennessee.

Cette cagnotte atteindra au moins 132 millions US en dépenses d'infrastructure par la ville et en aide financière de l'État.

C'est ce que rapportaient les médias de Memphis, hier, après l'annonce d'Electrolux faite en grande pompe devant la chambre de commerce régionale.

Ainsi, moins de 24 heures après son annonce-choc au Québec, l'entreprise a indiqué qu'elle investira au moins 190 millions US dans une usine qui sera construite sur mesure dans un parc industriel de Memphis.

La future usine emploiera au moins 1200 travailleurs lors de sa mise en production qui sera échelonnée de la mi-2012 à la première moitié de 2013. Cet échéancier correspond à celui de la fermeture de l'usine de L'Assomption.

Par ailleurs, la future usine d'Electrolux à Memphis sera sa deuxième située au Tennessee qui sera réservée à la fabrication d'électroménagers de cuisson pour le marché nord-américain.

C'est aussi le mandat actuel de l'usine de L'Assomption, qui prendra fin dans deux ans.

À Memphis hier, devant le gratin d'affaires de la ville, le gouverneur du Tennessee, Phil Bredesen, a dirigé l'annonce d'une deuxième usine d'Electrolux dans son État. Il a vanté les «relations de travail étroites» et le «partenariat» entre son gouvernement et la multinationale des électroménagers. L'autre usine d'Electrolux au Tennessee regroupe 2900 emplois directs.

Pour sa part, après avoir confirmé que l'usine de Memphis remplacerait celle fermée au Québec, le président d'Electrolux pour l'Amérique du Nord, Kevin Scott, a dit que cette décision s'est avérée «très claire en raison du soutien intensif que nous avons reçu de l'État, de la Ville et des autres instances publiques.»

Subventions

En fait, les 132 millions US en fonds publics promis à Electrolux à Memphis reviennent à 110 000$US pour chaque emploi créé.

Par ailleurs, le salaire moyen des futurs salariés non syndiqués de l'usine de Memphis est prévu à 13,50$US l'heure. C'est presque 30% de moins que le salaire moyen de 19$ l'heure des travailleurs syndiqués de l'usine de L'Assomption.

Ces informations illustrent la «bagarre» des subventions et des conditions de travail qui a cours dans les coulisses de la mondialisation de l'économie.

Au Québec, ce débat hante les instances économiques et politiques qui, depuis hier, tentent de limiter l'impact de la fermeture de l'usine de L'Assomption.

Le ministre du Développement économique, Clément Gignac, a dit espérer encore sauver des emplois.

«Pour l'instant, on travaille sur le scénario A, de convaincre les dirigeants de revenir sur leur décision», a-t-il indiqué à La Presse.

Le ministre veut rencontrer les dirigeants d'Electrolux avec le président de la FTQ, Michel Arsenault. Il veut notamment voir si le syndicat pourrait «faire preuve de flexibilité» pour convaincre Electrolux de rester au Québec.

Toutefois, l'espoir du ministre Gignac risque de se heurter aux priorités de la multinationale des électroménagers.

En entretien avec La Presse Affaires, le vice-président et principal porte-parole d'Electrolux en Amérique du Nord, Tony Evans, a confirmé que «notre décision de fermer à L'Assomption est finale et définitive».

«Cette usine n'est plus viable à moyen terme avec notre plan de réduction significative de nos coûts de production», a-t-il insisté.

Quant à la subvention de 4,5 millions fournie par Investissement Québec à l'usine de L'Assomption, il y a deux ans à peine, le vice-président d'Electrolux a dit que «l'entreprise entend respecter ses obligations».

À ce propos, le ministre Clément Gignac a indiqué qu'en cas de fermeture confirmée de l'usine, Québec essaiera de récupérer la partie déjà versée de cette subvention.

«Quand on verse de l'argent, c'est conditionnel au maintien des emplois», a dit M. Gignac.

- Avec Paul Journet à Québec

Sophie Cousineau: Electrolux et la surenchère des subventions