Un milliard de revenus annuels au Canada. Septième filiale au monde quant aux revenus. Une usine montréalaise qui supporte 90% de la production extérieure. L'Oréal Canada se réjouit de ses acquis au Canada qui ne seraient pas étrangers à l'emplacement de son siège social, à Montréal depuis 1966.

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Lors d'une allocution, hier matin, organisée par la chambre de commerce du Montréal métropolitain, Javier San Juan, PDG de L'Oréal Canada énumérait les avantages d'avoir une usine, un centre de distribution et son siège social à Montréal. Pas question d'opérer ses 25 marques (dont Armani, Ralph Lauren, L'Oréal Paris, Garnier, Prêt, Yves Saint Laurent) à partir de Toronto. «Montréal est une ville culturellement impressionnante, multiculturelle, un atout pour une entreprise comme la nôtre qui compte des employés de 50 nationalités, et est un centre universitaire important avec des universités dans lesquelles on parle deux et même trois langues», énumère Javier San Juan.

Ces propos arrivent au lendemain de l'annonce d'un investissement de 22 millions de dollars par Pfizer dans son siège social de l'île. Un geste considéré comme un engagement de fonctionner encore longtemps à Kirkland, alors que plusieurs multinationales optent pour Toronto. Mercredi, il y a aussi eu cette promesse de George Cope, PDG de Bell Canada, rapportée dans La Presse Affaires: «Notre siège social ne déménagera jamais, il est à Montréal.»

Cela dit, le PDG de L'Oréal Canada avoue qu'il est parfois tentant de déplacer son centre décisionnel canadien de Montréal à Toronto. «On y pense parfois, sans que ce soit une fixation, dit-il. La plupart des banques, de nos partenaires, les La Baie, Walmart, de nos agences de publicité sont à Toronto.»

«Il y a une raison pour laquelle il y a si peu de sièges sociaux ici, ajoute Javier San Juan. Au lieu de critiquer les entreprises qui s'en vont, il faut se demander pourquoi elles partent. On ne doit pas être émotif. À la fin, c'est une décision d'affaires.»

À ce titre, le PDG a lancé, hier matin, des pistes à explorer pour découvrir les raisons pour lesquelles Montréal n'est pas incontournable aux yeux de nombreuses multinationales. Un des problèmes serait ce désir de vouloir à tout prix protéger la langue française. «Les gens doivent apprendre le français, mais d'abord pour une question de curiosité intellectuelle, indique le PDG. Les employés doivent se sentir les bienvenus en entreprise. Il n'y a rien de mal à procurer un logiciel anglophone à un nouveau venu!»

On ne devrait pas innover simplement pour innover non plus. Les entreprises devraient s'assurer d'un budget de commercialisation également. Conséquence, selon Javier San Juan: «Les entreprises finissent par être à court d'argent, doivent être vendues et se retrouvent aux mains de propriétaires à l'extérieur du Québec.»