Le petit fabricant de simulateurs de vol Mechtronix veut profiter d'un changement de philosophie dans la formation des pilotes pour se démarquer.

L'entreprise a annoncé hier un programme de recherche et développement de 61,9 millions de dollars pour lancer une gamme de simulateurs de vol de nouvelle génération qui s'adaptera davantage aux besoins des pilotes, ce qui devrait créer une vingtaine d'emplois à Montréal.

«L'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) et l'Association internationale du transport aérien (AITA) sont en train d'introduire une nouvelle philosophie en fait de formation», a indiqué le président-directeur général de Mechtronix, Fernando Petruzziello, à l'issue d'une conférence de presse dans les locaux de l'entreprise, chemin de la Côte-de-Liesse, à un jet de pierre des immenses installations de son grand concurrent, CAE.

«Notre produit sera conçu pour épouser cette philosophie», a affirmé M. Petruzziello.

Il a expliqué que la philosophie actuelle en matière de formation était basée sur l'idée de liste de vérification, la fameuse check-list. «Il y a une liste de procédures que les pilotes doivent suivre, indique-t-il. S'ils l'exécutent, on présume qu'ils sont formés.»

La nouvelle philosophie tiendra compte davantage de l'expertise et des besoins des pilotes.

«Avec nos produits, nous allons évaluer les pilotes, faire une analyse et déterminer la meilleure façon de les former», a déclaré M. Petruzziello.

«Nous voulons augmenter notre part de marché, a-t-il poursuivi. Nous ne voulons pas seulement respecter les normes de l'industrie, mais les dépasser.»

L'entreprise espère lancer son premier simulateur de nouvelle génération au cours du premier trimestre de 2011.

Le ministre canadien de l'Industrie, Tony Clement, a annoncé hier un prêt de 18,6 millions de dollars pour aider Mechtronix dans son programme de recherche et développement, en vertu du programme ISAD (Initiative stratégique pour l'aérospatiale et la défense).

«Le Canada est un leader dans l'industrie aérospatiale et il doit continuer à l'être, mais il faut continuer à investir dans la recherche et le développement, a déclaré M. Clement. C'est là où le gouvernement canadien peut jouer un rôle.»

Il s'est défendu de vouloir favoriser Mechtronix, rappelant que CAE avait également bénéficié des programmes fédéraux. Ottawa a récemment annoncé un prêt de 250 millions de dollars à CAE, en vertu du programme ISAD, dans le cadre d'un vaste projet de recherche et développement de 715 millions.

M. Petruzziello a indiqué que Mechtronix avait bien pris garde de ne pas attaquer CAE de front. La petite entreprise de 220 employés se limite au secteur de l'aviation commerciale, alors que CAE est également présente dans le secteur de la défense. Mechtronix vise également les petits transporteurs aériens qui comptent moins de 25 appareils, surtout dans les marchés émergents.

«Ces petites sociétés sont quand même à l'origine de 80% des achats d'appareils dans le monde», a-t-il noté, ajoutant que CAE et l'autre grand fabricant mondial de simulateurs de vol, FlightSafety, étaient peu présents dans ce marché.

M. Petruzziello a tenu à souligner la force de Montréal dans l'industrie de la simulation.

«Pas moins de 80% de la production mondiale de simulateurs de vol provient de la Côte-de-Liesse, a-t-il lancé. C'est une grappe d'excellence. Or, ce type de grappe n'arrive pas par accident.»