N'eût été une «enquête bâclée», Jean et Jacques Leclerc «seraient toujours au sein» du Groupe Biscuits Leclerc, et la valeur de leurs actions aurait même été accrue par rapport à ce qu'elle était au moment où ils les ont vendues.

C'est ce que soutient une poursuite intentée par Jacques Leclerc contre la firme Psycho-Logic inc., la psychologue Nicole Côté, Consultations Camille Léger et son président, Camille Léger, tous de Québec.

Ces derniers font face à une réclamation de 7 050 211$ pour dommages subis dans le processus qui a mené à la scission du groupe à l'été 2009.

Plus que centenaire, l'entreprise de Saint-Augustin-de-Desmaures réalisait en 2008 un chiffre d'affaires de 200 millions dans la transformation alimentaire et embauchait environ 550 personnes.

À l'été 2009, les frères Jean et Jacques Leclerc ont vendu leurs parts dans la société créée par leur arrière-grand-père. Ils dirigent maintenant Nutriart inc., de Québec, une ancienne filiale du groupe, qui fournit encore du chocolat à l'entreprise de biscuits.

Conflits familiaux

Les faits relatés dans la requête déposée le 25 juin dernier indiquent que depuis le début des années 2000, diverses solutions avaient été recherchées pour éviter les conflits familiaux entre le père, Jean-Robert, et les cinq frères et soeurs, Jean, Jacques, Denis, Nicole et Line, qui partageaient avec lui l'actionnariat et la gestion de l'entreprise.

En 2007, le père a fait appel aux services des professionnels Côté et Léger pour faire «une démarche de réconciliation».

Les avocats de Jacques Leclerc soutiennent que le passage de ces professionnels au sein de la famille Leclerc, «aussi bref a-t-il pu être, et les conclusions de leur rapport ont eu et ont encore aujourd'hui des effets dévastateurs».

Leur intervention aurait aussi eu «un impact très négatif» sur la valeur des actions alors détenues par Jacques et la fiducie familiale qui porte son nom.

C'est à ce niveau que se situe la majeure partie des dommages réclamés. Contrainte de céder ses actions de façon précipitée, la Fiducie familiale Jacques Leclerc aurait reçu 6 550 211$ de moins que la valeur établie antérieurement par une firme de comptables indépendante.

Le reste des 7 050 211$ se répartit en 200 000$ pour perte de relations avec la famille, 150 000$ pour souffrances et inconvénients et 150 000$ pour transgression du secret professionnel.

Les préjudices découlent, selon la poursuite, d'une «enquête bâclée». «Ils choisissent Denis comme le candidat le plus acceptable (...) après une seule rencontre d'à peine deux heures avec chacun des enfants», peut-on lire dans le document de la Cour.

Choisir un leader

La psychologue aurait notamment omis d'informer Jacques Leclerc que son mandat était de «sélectionner un leader», de se prononcer sur le candidat le plus acceptable pour assumer le rôle de président-directeur général du Groupe.

Elle aurait aussi ignoré que la convention d'actionnaires des dirigeants de l'entreprise prévoyait un processus de tests psychologiques pour choisir de nouveaux employés.

Les professionnels auraient négligé de procéder à une évaluation psychométrique et une évaluation approfondie des compétences professionnelles de chacune des personnes concernées et même de consulter leur curriculum vitae.

La requête cite par ailleurs une sanction prononcée contre Mme Côté par le comité de discipline de l'Ordre des psychologues du Québec, en octobre dernier, à la suite d'une enquête du syndic de l'Ordre demandée par Jean Leclerc.

Vérification faite auprès de l'Ordre, deux réprimandes pour des manquements au Code de déontologie ont été adressées à la psychologue.

Les cabinets d'avocats qui représentent les deux principales parties ont décliné l'invitation du Soleil à commenter la cause.