Groupe Canam (T.CAM) prépare une petite révolution dans les chantiers de construction commerciaux et industriels. L'objectif: augmenter leur productivité. La méthode: inspirée du «Just-in-Time».

Actuellement, quand Canadian Tire ou Wal-Mart construisent un magasin-entrepôt, le fournisseur de poutrelles d'acier les livre à l'envers. C'est plus stable sur le camion de livraison. Le matériel est aussi livré, sans trop se soucier de l'ordre dans lequel il sera installé.

Le hic c'est que, sur le chantier, on doit les déplacer, les retourner, ce qui fait perdre du temps aux travailleurs. «Si Canam était dans l'industrie de l'automobile, la façon dont on livre notre produit au chantier, c'est comme si la voiture était sens dessus dessous, les roues pas attachées», illustre le président et chef de l'exploitation de Groupe Canam, Marc Dutil.

La logique derrière cette façon de faire a rendu les usines plus efficaces. Mais la productivité des chantiers en souffre. «C'est comme le chef au restaurant qui dit: Moi, de 19h30 à 20h, je fais rien que des steaks, puis ensuite, des poissons, puis ensuite du poulet, parce que ça va mieux. Ce n'est pas de même que ça marche. Un chantier, c'est la même chose. Il faut arrêter de définir ce qu'on vend au chantier par ce qui nous accommode», a-t-il expliqué à La Presse Affaires, présente à Saint-Georges, à l'assemblée annuelle de l'entreprise.

Son équipe canadienne a donc passé les deux dernières années à étudier les chantiers, à analyser les pertes de temps et d'argent ici et là. Des projets-pilotes ont été menés en Nouvelle-Angleterre, au Québec et dans l'Ouest. Le résultat a été une économie de 10% pour le chantier qui a utilisé la méthode BuildMaster, mise au point par Canam. Une économie qui pourrait atteindre 20%, croit M. Dutil, quand la façon de faire sera devenue une routine.

Pour y arriver, il faut évidemment que Canam revoie sa façon de travailler en usine. Et le groupe veut aussi avoir sa part du gâteau des économies. «Je suis bien généreux, mais il ne faut pas la faire pour les autres, cette amélioration-là. Il faut être capable d'en capter la valeur et la partager avec des gens.»

Il négocie donc avec les monteurs qui seront accrédités et qui profiteront de ces «12 items» qui permettront d'améliorer la productivité et qui sont pour l'instant gardés confidentiels. Le programme sera lancé à la fin de cet été et inclura une portion technologique.

Une reprise en 2010?

Pour le reste, les actionnaires de Canam ont eu droit à leur traditionnel sirop d'érable du printemps en se présentant à l'assemblée tenue au Georgesville. Ce fut la seule gâterie de la journée, les résultats du premier trimestre dévoilé en même temps que la rencontre ayant un arrière-goût d'encre rouge (voir le tableau).

Élément positif, la récente acquisition de Canam dans le sud-est des États-Unis, FabSouth, a contribué positivement aux résultats, contrairement à l'ensemble du marché américain.

Aussi, le carnet de commandes est en hausse, à 590 millions (incluant FabSouth), contre 417 millions à pareille date l'an dernier. Est-ce à dire que le creux est atteint pour Canam? «Dans la deuxième moitié de 2010, nous pensons voir une amélioration», souligne encore le grand patron.

L'action de Canam a perdu 4 cents hier à la Bourse de Toronto, pour finir la journée à 8,82$. Depuis un an, le titre a varié entre 5,95$ et 9,81$.