Les Chantiers maritimes Davie (T.DAV), de Lévis, se sont placés sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers du Canada, jeudi.

La direction de l'entreprise en a fait l'annonce par voie de communiqué, indiquant que près de 1600 employés seraient mis à pied temporairement.

Environ 160 travailleurs restent sur place afin de poursuivre les activités de construction navale en cours.

Chantiers Davie doit livrer cinq navires à Cecon ASA et Ocean Hotels, des contrats totalisant 700 millions $ US. L'entreprise travaille présentement sur les trois navires destinés à Cecon ASA, des navires très spécialisés pour l'exploitation pétrolière en haute mer, dont la construction est terminée respectivement à 80, 60 et 40%.

Dans le cas des deux autres navires, des bateaux-hôtels pour les travailleurs de plate-forme de forage, moins complexes, l'acier a été préparé mais on devait amorcer l'assemblage plus tard.

La direction invoque les fluctuations du taux de change et la hausse du coût des projets liés à des retards dans les versements effectués par les clients pour justifier sa décision. Son communiqué indique par ailleurs que «le processus d'apprentissage dans la construction de navires offshore s'avère plus difficile que prévu et que cela se traduira par des retards de livraison et des coûts supplémentaires pour les navires actuellement en construction».

Le président du syndicat des travailleurs de Davie, Paul-André Brulotte, renchérit. D'après lui, l'entreprise a mal planifié la construction de ces navires hautement spécialisés. «On a mal évalué la complexité de ces navires-là. Ce sont des navires d'un genre qui n'a jamais été fait au Canada», a-t-il fait valoir.

Le communiqué ajoute que l'entreprise s'est engagée à livrer les navires qu'elle a en commande et espère pouvoir bientôt rappeler sa main-d'oeuvre au travail.

M. Brulotte se dit confiant de voir cette promesse se réaliser, bien qu'il ne sache pas à quel moment. «On nous dit que les gens vont être rappelés mais ils ne sont pas capables de mettre de date. Mais il est clair qu'à 80% fini, on ne laisse pas un bateau-là, comme ça. Les deux autres aussi; les trois navires de Cecon, il faut les finir. J'ai confiance qu'ils vont rappeler les gens mais quand? Je ne sais pas», a souligné le président du syndicat.

Quoiqu'il en soit, le constructeur maritime ne pourra clairement pas respecter ses échéancier, note M. Brulotte. «Les travailleurs qui restent vont être affectés au navire qui est terminé à 80%. Ils ne le finiront pas dans une semaine, ça c'est sûr, parce qu'il y avait plus de 300 personnes sur ce navire. On ne livrera pas dans les dates, il n'y a aucun doute.»

Il y a deux jours, le nouveau président du Chantier, Gustav Johan Nydal, avait annoncé la mise à pied de 250 employés sous-traitants, disant vouloir rapatrier à l'interne les travaux spécialisés auxquels ces employés étaient affectés.

Une démarche qui illustre bien le manque de préparation, fait valoir M. Brulotte. «Il y a eu une mauvaise planification dans les derniers mois. Quand on parlait de 250 sous-traitants, quand ces gens-là sont entrés, je ne suis pas sûr qu'on était prêt à les recevoir. On l'avait d'ailleurs dit à la direction au moment de leur embauche.»

Malgré tout, M. Brulotte croit en la survie du chantier, dont les difficultés d'aujourd'hui s'inscrivent dans une longue saga de la Davie, autrefois le plus important employeur de l'Est du Québec.

«Je pense qu'on est sérieux. Ces navires-là sont en construction. S'il n'y avait pas d'effectifs sur le chantier, s'il n'y avait pas de navires en construction et qu'il ne restait que 80 personnes, je pense qu'ils mettraient la clé dans la porte mais, avec tous les effectifs sur le chantier et toute la valeur qu'il y a sur le chantier, tout l'acier; c'est fait, c'est payé. On ne peut pas fermer comme ça.»