Dans le but de faire changer les perceptions «vieillottes» des Québécois à l'égard du secteur de la fabrication, le gouvernement et un groupe d'entreprises ont lancé lundi une «campagne de mobilisation» qui doit s'étaler sur trois ans.

Technologies désuètes, usines peu modernes, travail manuel routinier: voilà l'image qu'une bonne partie de la population se fait du secteur de la fabrication, selon un récent sondage mené par le Conseil des manufacturiers, mis sur pied par Québec et des industriels.

«Il y a un malaise vis-à-vis du secteur manufacturier et il est grandement temps que nous laissions tomber nos vieilles perceptions», a exhorté mercredi Pierre Racine, ancien président et chef de la direction de Rolls-Royce Canada et coprésident du Conseil des manufacturiers avec le ministre du Développement économique, Clément Gignac.

«Comment attirer des gens compétents lorsqu'on croit que le secteur manufacturier ne fait pas partie de la nouvelle économie? a demandé M. Racine lors d'une conférence de presse. Comment inciter les jeunes à faire carrière dans le secteur manufacturier lorsqu'on le considère dépassé et en voie de disparition?»

Il faut dire que ces dernières années, le secteur a essuyé plusieurs coups durs: effondrement du marché de la foresterie, innombrables délocalisations de production vers les pays à faibles coûts et pertes d'emplois massives.

Or, à l'ombre de ces mauvaises nouvelles, de nombreuses entreprises investissent dans l'innovation et sont devenues des leaders mondiaux dans leur domaine. C'est ce nouveau visage de la fabrication que la campagne de promotion dévoilée lundi veut mettre de l'avant.

«Le secteur manufacturier n'est pas perçu ici comme un secteur d'avenir, il est considéré à tort comme l'inverse de l'économie du savoir», a déploré Pierre Racine.

La moitié des personnes sondées par la firme CROP ont d'abord associé le secteur de la fabrication à des industries traditionnelles comme le textile, le bois et les meubles. On souhaite maintenant attirer l'attention sur les domaines d'avant-garde comme l'aéronautique, la biopharmaceutique, l'informatique et le textile de haute technologie.

Ancrage

En dépit des perceptions, le secteur manufacturier fait travailler quelque 533 000 personnes au Québec, soit près de 15 pour cent de tous les emplois.

«L'ancrage d'une économie, c'est le manufacturier», a affirmé le président-directeur général du Fonds de solidarité FTQ, Yvon Bolduc. Sur son actif total de 6,4 milliards $, le fonds a investi environ 1 milliard $ dans des entreprises de fabrication.

«Il n'y a rien de plus clair depuis la récession partout dans le monde que si on n'a pas un secteur manufacturier solide et qu'on se fie uniquement sur le secteur des services pour une économie, eh bien on est dans le trouble», a lancé M. Bolduc, en précisant que la fabrication entraîne plus de retombées économiques que les autres secteurs d'activités.

Pendant sa première année, la campagne prendra la forme de panneaux d'affichage, de publicités dans les quotidiens, d'un site internet, www.lavenircasefabrique.com, et d'une grande murale au centre-ville de Montréal. On met en opposition des photos d'anciennes usines à celles d'installations dernier cri. L'an prochain, on entend recourir à la télévision.

La campagne doit être dotée d'un budget total de 4,5 millions $, soit 1,5 million $ par année. Québec y contribuera 1 million $ en tout, le reste étant à la charge des entreprises. Rio Tinto Alcan, IPL [[|ticker sym='T.IPI.A'|]], le Fonds de solidarité FTQ, Transcontinental [[|ticker sym='T.TCL.A'|]] et l'organisme Manufacturiers et exportateurs du Québec ont déjà donné leur appui.