Le fabricant de vêtements American Apparel entend licencier 1800 travailleurs dans les prochains jours. Les employés touchés travaillent à la manufacture de l'entreprise, au centre-ville de Los Angeles. Ils ont été incapables de produire des documents témoignant de leur droit de travailler en sol américain.

C'est après une enquête longue de 17 mois de l'Immigration and Customs Enforcement Agency (ICE) que l'entreprise a dit avoir pris connaissance du statut des employés.

 

Selon la loi, les employeurs sont tenus de demander le numéro d'assurance sociale et les papiers de travail des employés. Or, de nombreux travailleurs sont munis de faux documents, et réussissent à se faire embaucher. Ceux-ci paient alors des taxes et des charges sociales à l'État, comme tout autre travailleur.

Cette semaine, le controversé président d'American Apparel, Dov Charney, a publié une lettre ouverte à ses employés. M. Charney, qui a fait l'objet de plusieurs poursuites pour des allégations de harcèlement sexuel au cours des dernières années, milite depuis longtemps en faveur du droit des sans-papiers.

«Je suis profondément attristé par le fait que plusieurs d'entre vous vont quitter l'entreprise au cours des prochains jours, a-t-il écrit. Plusieurs d'entre vous ont travaillé avec moi durant des années. Sachez que ceux qui quittent l'entreprise auront droit à un traitement prioritaire pour revenir travailler ici, une fois que vos papiers seront en règle.»

M. Charney a rappelé que le président Obama avait promis de réformer les lois sur l'immigration durant sa campagne, un dossier qu'il n'a pas abordé depuis son arrivée à la Maison-Blanche. Le nouveau président demeure extrêmement populaire auprès de la population d'origine latino-américaine: les plus récents sondages montrent que plus de 75% des électeurs hispanophones sont satisfaits de son travail.

»Made in L.A.»

American Apparel fait fabriquer tous ses vêtements au centre-ville de L.A. L'entreprise intégrée verticalement verse des salaires supérieurs aux normes du secteur, offre l'assurance-maladie et a récemment donné des millions de dollars en actions à ses employés. Sur son immense manufacture, une bannière géante proclame «Legalize L.A.», un slogan qui appelle à la réforme des lois sur l'immigration.

Sous le règne de Bush, l'ICE avait fait beaucoup de bruit en menant des raids musclés sur les lieux de travail. Sous Obama, l'organisation semble avoir adopté des méthodes moins extrêmes. Aujourd'hui, des audits comptables sont menés, et la tâche de renvoyer les sans-papiers incombe aux patrons des entreprises visées.

Pour le président d'American Apparel, ces méthodes plus discrètes ne sont pas souhaitables pour autant.

«Je crois fermement que les immigrants amènent la prospérité dans un pays, note M. Charney, lui-même originaire de Montréal. Ils deviennent des travailleurs motivés, et ils deviennent parfois des chefs d'entreprise motivés, comme moi. Ils apportent des idées fraîches, de l'optimisme, et de la passion à l'économie, et contribuent à la prospérité de tous.»