Les contrats militaires accordés à Boeing auront de nouvelles retombées au Québec.

Héroux-Devtek [[|ticker sym='T.HRX'|]] , qui fabrique déjà des pièces de trains d'atterrissage pour des avions commerciaux de Boeing, annoncera cet après-midi l'obtention d'un nouveau mandat du géant américain. Ce contrat est lié à la politique de retombées industrielles des dépenses canadiennes en matière de dépense. En vertu de cette politique, les grandes entreprises qui décrochent des contrats militaires avec le gouvernement canadien, comme Boeing et Lockheed-Martin, doivent acquérir au Canada des biens et services d'une valeur équivalente au contrat.

Au cours des deux dernières années, Boeing a décroché deux importants contrats au Canada. En février 2007, Boeing a obtenu un premier contrat de 869 millions de dollars pour la fourniture de quatre avions de transport C-17. Toutefois, elle a attendu près d'un an avant d'annoncer une série de retombées industrielles au Canada, dont 420 millions au Québec.

Boeing a décroché un nouveau contrat il y a quelques semaines pour la fourniture de 15hélicoptères Chinook CH-47, d'une valeur de 1,15 milliard US. Cette fois-ci, les retombées ne se font pas attendre.

Cette nouvelle arrive au lendemain du congrès annuel de l'Association québécoise de l'aérospatiale (AQA), qui portait justement sur la chaîne d'approvisionnement dans l'industrie aéronautique et l'importance de pouvoir compter sur d'importants intégrateurs locaux, comme Héroux-Devtek.

«Si nous n'avons pas les intégrateurs nécessaires ici, les grands donneurs d'ordres iront faire affaire avec des entreprises situées à l'extérieur du Québec, a déclaré le chef de la direction de Sonaca Montréal, Philippe Hoste, qui a présenté les conclusions d'un projet de réflexion sur la question de la chaîne d'approvisionnement. Si les intégrateurs et les équipementiers ne sont pas au Québec, ce sera plus difficile pour les PME de faire des affaires avec eux.»

Or, les gouvernements étrangers sont particulièrement dynamiques lorsque vient le temps de soutenir leur industrie aérospatiale, a indiqué M. Hoste.

On parle de pays développés, comme les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, mais aussi de pays émergents, comme le Mexique et le Brésil. Ces derniers ont surtout comme avantage d'offrir une main-d'oeuvre à bon marché.

«Mais ils s'avancent maintenant à la vitesse grand V pour offrir d'autres avantages, a affirmé M. Hoste. Il est important de convaincre nos partenaires de soutenir notre industrie afin de maintenir notre compétitivité.»

Le projet de réflexion sur la chaîne d'approvisionnement, lancé par Aéro Montréal (la grappe aérospatiale de Montréal), a dénombré pas moins de 23 organismes au Québec qui proposent des programmes d'aide aux PME de l'aéronautique. Il y a parfois des chevauchements, ainsi que des problématiques totalement ignorées. «Il faut une meilleure coordination de ces programmes», a soutenu M. Hoste.

François Chagnon, ancien employé de CAE et de Bell Helicopter, maintenant consultant, a indiqué qu'il y avait plusieurs façons de faire passer les PME au rang d'intégrateurs. Le fait d'exiger des retombées industrielles pour chaque contrat militaire d'envergure constitue justement un des moyens à la disposition des gouvernements.

Les entreprises elles-mêmes peuvent passer à l'action avec des acquisitions, ce qui a été la voie choisie par Héroux-Devtek. Il ne faut surtout pas négliger les entreprises étrangères.

«L'achat de fournisseurs à l'étranger peut fournir la porte d'entrée pour faire affaires avec des manufacturiers comme Cessna, Cirrus et Diamond», a déclaré M. Chagnon.

Les PME peuvent également se regrouper pour faire une offre commune aux grands donneurs d'ordres, mais cette voie n'est pas nécessairement facile. Les dirigeants de ces entreprises ne sont pas nécessairement prêts à abandonner un peu de pouvoir.

«Il y a beaucoup de coqs dans le poulailler», a lancé Guillermo Alonso, président d'Alta Precision, qui fait justement partie d'un tel regroupement.