Le gouvernement canadien étudie minutieusement la décision de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sur l'aide gouvernementale versée à Airbus, mais il entend continuer à aider financièrement l'industrie aéronautique canadienne.

«Nous continuons à croire que nous respectons les règles et les traités internationaux, a déclaré le ministre fédéral de l'Industrie, Tony Clement, hier. Nous avons une relation très positive avec l'industrie aérospatiale et cela va continuer.»

M. Clement était justement à Montréal pour confirmer le financement du programme Initiative stratégique pour l'aérospatiale et la défense au-delà de 2009. Ce programme, qui investit dans des projets de recherche et développement, pourra compter sur un financement de 200 millions de dollars entre 2010 et 2014.

Le ministre a également annoncé l'attribution d'une somme de 7,6 millions pour appuyer un projet présenté par la société ontarienne PCI Geomatics. La petite entreprise, qui a également un bureau à Gatineau, veut développer un cadre de calculs et des logiciels qui permettront de traiter et d'analyser de grandes quantités de données fournies par des satellites.

Une petite entreprise de Colombie-Britannique, Axys Technologies, bénéficiera pour sa part d'un financement de 1,8 million pour créer une interface entre des sources de données différentes dans le domaine de la surveillance maritime.

Vendredi dernier, l'OMC a remis une décision de 1000 pages dans le cadre du conflit qui oppose Boeing et Airbus. Ce document est confidentiel, mais selon des sources citées par Reuters, l'organisation critiquerait l'aide gouvernementale versée à Airbus pour développer l'A380.

Cette décision pourrait avoir des conséquences pour le Canada et la Grande-Bretagne, qui fournissent une aide financière à Bombardier pour le développement de la CSeries. Le gouvernement canadien a obtenu le volumineux document.

Un journal brésilien, le Valor Economico, a d'ailleurs rapporté plus tôt cette semaine qu'Embraer pourrait porter plainte contre Bombardier auprès de la Cour européenne de justice au sujet de l'aide financière britannique.

Une porte-parole d'Embraer n'a pas voulu commenter cette possibilité hier.

À la fin des années 90, le Canada et le Brésil se sont affrontés devant l'OMC au sujet de l'aide gouvernementale reçue de part et d'autre. L'organisation a jugé dans des décisions différentes qu'Embraer et Bombardier avaient toutes deux bénéficié d'une aide illégale. Le Brésil et le Canada avaient alors décidé d'enterrer la hache de guerre.

La menace d'une plainte d'Embraer n'a pas ému M. Clement outre mesure.

«Ce n'est rien de nouveau, mais nous prenons la situation au sérieux, a-t-il déclaré aux journalistes. Nous croyons que nous nous conformons aux règles internationales. S'ils déposent une plainte, nous répondrons.»