L'offre de Kraft Foods pour Cadbury - de 18 milliardsCAN - révèle que la présidente du conseil et PDG de Kraft, Irene Rosenfeld, visera l'étranger pour assurer la croissance de sa compagnie.

Kraft, deuxième société d'alimentation du monde, a indiqué qu'elle poursuivra ses efforts pour réaliser le rachat de Cadbury de manière à créer une société qui toucherait des revenus annuels de 50 milliardsUS. Depuis que Mme Rosenfeld a pris les rênes de la société de Northfield, en Illinois, en juin 2006, l'entreprise a achevé le rachat des divisions ibériques de United Biscuits Group et elle a versé 7,8 milliardsUS pour la division de biscuits de la société parisienne Groupe Danone.

«Elle prend la bonne décision», assure Donald Yacktman, un investisseur qui possède des actions de Kraft. Selon M. Yacktman, fondateur de Yacktman Asset Management, d'Austin, au Texas, Mme Rosenfeld pourrait vendre certaines parties de Cadbury et voir à l'essor d'autres divisions si la transaction peut se réaliser.

Mme Rosenfeld, 56 ans, a présenté lundi l'offre pour Cadbury directement aux actionnaires après que le fabricant britannique de la gomme à mâcher Trident l'eut rejetée, la qualifiant d'insuffisante. Ce rachat lui fournirait l'accès à des marchés émergents tels que l'Inde et il servirait de complément à la gamme de biscuits de Kraft, à ses boissons en poudre, ses chocolats et produits laitiers.

«Cette fusion proposée est affaire de croissance», a soutenu Mme Rosenfeld dans un communiqué diffusé lundi. D'après une lettre de Mme Rosenfeld au président de Cadbury, Roger Carr, qui a été divulguée par Kraft, les deux dirigeants se sont rencontrés le 28 août dernier pour discuter de la proposition de rachat.

La rencontre a eu lieu à Londres, d'après deux personnes au courant du dossier. Kraft s'intéresse à Cadbury depuis que la société américaine a essaimé d'Altria Group en 2007, ont précisé les sources.

Mme Rosenfeld a été nommée PDG en juin 2006 et elle a passé environ 25 années chez Kraft. Il y a eu une interruption de trois ans au cours de laquelle elle a dirigé la division Frito-Lay, de PepsiCo. Le mois dernier, le magazine Forbes l'a classée au sixième rang parmi les femmes les plus puissantes du monde, trois rangs derrière Indra Nooyi, la PDG de PepsiCo.

Le mois dernier, Mme Nooyi a conclu un accord pour reprendre le contrôle des deux plus gros embouteilleurs de l'entreprise après avoir essuyé une rebuffade.

Cadbury a indiqué le 29 juillet dernier que ses revenus augmenteront d'environ 4% cette année et que ses marges de profit croîtront grâce à la réduction des dépenses et à la hausse des prix.

Endettement

Hier, l'action de Kraft, qui valait environ 31$US lorsque Mme Rosenfeld a été nommée PDG, a chuté de 1,65$, ou de 5,87%, à 26,45$US à la Bourse de New York. Les revenus de l'entreprise ont diminué au cours des deux derniers trimestres.

L'agence d'évaluation financière Moody's a annoncé hier qu'elle envisageait de dégrader la note de Kraft Foods, au lendemain de l'annonce de son offre.

L'examen de la situation de Kraft, actuellement noté «Baa2», en vue d'une éventuelle dégradation, est dû «principalement» au niveau d'endettement déjà élevé du groupe, risquant de s'aggraver encore si l'opération est finalisée, et au probable renchérissement de l'offre, jugée jusqu'à présent sous-évaluée par Cadbury.

«L'endettement supplémentaire qui résulterait de la transaction proposée serait considérable», a souligné un analyste de Moody's, Brian Weddington, cité dans un communiqué.