Le groupe Coalision, propriétaire des marques de vêtements de plein air Orage et Lolë, est allé chercher un grand nom pour présider à ses destinées et le propulser sur la scène internationale: l'ancien président de Quicksilver, Bernard Mariette.

«Pour une compagnie de Montréal, être capable d'attirer un calibre de cet ordre-là, c'est comme si, dans le milieu du hockey, Ovechkine venait jouer à Montréal», s'enthousiasme le cofondateur de Coalision, Éric D'Anjou, en entretien téléphonique avec La Presse Affaires.

M. Mariette, un Français de 47 ans qui vient tout juste de quitter la Californie avec sa famille pour s'installer à Montréal, est tout aussi enthousiaste.

«C'est un nouveau chapitre pour moi, lance-t-il. Ça me rappelle quand j'ai commencé avec Quicksilver, c'est la même sensation: une équipe jeune, dynamique, passionnée, qui ne compte pas ses heures, mais qui a besoin d'aide pour faire exploser cette entreprise, ces marques, au niveau mondial.»

Éric D'Anjou et Evelyn Trempe ont fondé Orage en 1989 alors qu'ils étaient encore étudiants à l'UQAM. L'entreprise compte maintenant un peu plus de 150 personnes, dont 120 au bureau principal de Longueuil.

«L'expérience que nous avions était assez limitée, se rappelle M. D'Anjou. Nous avons beaucoup appris sur le tas. Mais maintenant que le plan d'affaires repose principalement sur l'international, c'est très important d'avoir quelqu'un qui puisse nous guider, nous diriger vers les bonnes personnes en France, en Autriche et en Allemagne.»

Il raconte qu'il a rencontré M. Mariette à plusieurs occasions alors que celui-ci était président de Quicksilver, une entreprise spécialisée dans les vêtements et les accessoires de surf. En janvier dernier, M. Mariette a accepté de se joindre au nouveau conseil d'administration de Coalision, remanié pour refléter l'arrivée d'un nouvel actionnaire d'importance, le fonds d'investissement privé canadien Kilmer Capital.

M. D'Anjou a rapidement réalisé que M. Mariette pourrait jouer un rôle plus important au sein de l'entreprise.

«J'étais pratiquement tout le temps au téléphone avec lui pour valider la stratégie de prix en Europe, la stratégie d'exportation ou le choix de fabricants pour les produits, se rappelle M. D'Anjou. Je lui ai dit: pourquoi ne viendrais-tu pas plus souvent au bureau? Et nous avons commencé à discuter.»

M. Mariette indique qu'il aime aider les jeunes entreprises, leur donner des conseils.

«Comme j'ai déjà fait des erreurs, je leur dis celles qu'il ne faut pas faire.»

Le passage de M. Mariette à la tête de Quicksilver a en effet eu des hauts et des bas.

À son arrivée, en 1994, l'entreprise était plus petite que Coalision, avec 70 employés. À son départ, l'entreprise comptait 10 000 employés et avait un chiffre d'affaires de 2,4 milliards de dollars US.

Rossignol

M. Mariette a toutefois été l'architecte de l'acquisition de Rossignol en 2005 pour 560 millions de dollars US, une aventure qui a mal tourné. M. Mariette a quitté la présidence de Quicksilver en février 2008 et l'entreprise a finalement vendu Rossignol pour 57 millions US en novembre 2008. Quicksilver avait vendu auparavant des portions de Rossignol, comme Roger Cleveland Gulf Company pour 132,5 millions US, en 2007.

M. Mariette explique que plusieurs facteurs s'étaient ligués pour «tout faire capoter» dans le cas de Rossignol: un hiver sans neige, qui avait fait chuter le chiffre d'affaires de 25%, un bond de l'euro, qui avait fait grimper les coûts de production de 30% en trois mois, et le déclenchement de la crise des hypothèques à haut risque.

M. Mariette n'avait pas l'intention de prendre la présidence d'une autre entreprise, avec toutes les responsabilités et le stress que cela représente. Mais il n'a pas su résister à Coalision.

D'ici trois à cinq ans, il prévoit que ses marques seront bien établies sur la scène internationale. L'entreprise pourrait acquérir d'autres marques, si elles sont complémentaires et respectent les valeurs de Coalision. Dans cinq ans, les actionnaires, dont il fait partie, reverront leurs options.

«Soit on continue, soit on intègre d'autres actionnaires, soit on s'intègre dans un autre groupe, soit on entre en Bourse, énumère-t-il. Mais nous sommes là pour au moins cinq ans pour pousser le groupe à l'international, pousser ses valeurs et ses produits.»