La Chine a annoncé mercredi l'arrestation formelle de quatre employés de Rio Tinto pour «violation de secrets commerciaux et corruption», ce que le groupe minier anglo-australien a accueilli comme une réduction des accusations, loin des charges d'espionnage.

Le Parquet suprême populaire chinois a estimé que les employés, dont Stern Hu, directeur du bureau de Shanghai de Rio Tinto et ressortissant australien, avaient obtenu des secrets commerciaux sur l'industrie sidérurgique chinoise par des «moyens irréguliers», en violation des lois, selon l'agence officielle, qui n'a pas précisé si la décision du Parquet équivalait à une inculpation.

Contacté par l'AFP, le Parquet n'a pas souhaité commenter.

Depuis Shanghai, un responsable du Bureau de la sûreté de l'Etat, les services secrets chinois, a indiqué que le dossier n'était plus de leur ressort.

«Pour être précis, (le dossier) n'est plus sous la juridiction du Bureau de la sûreté de l'Etat. Il a été transféré au Parquet», a déclaré à l'AFP un membre de la branche de Shanghai, sous le couvert de l'anonymat.

Par la voix d'une porte-parole du ministère des Affaires étrangères, l'Australie a souligné qu'il n'était désormais plus question de «secrets d'Etat» dans cette affaire.

«M. Hu est désormais soumis aux lois chinoises et aux procédures légales et judiciaires chinoises», a déclaré à l'AFP la porte-parole.

«Les charges ont été réduites et je pense que cela reflète ce que nous disons depuis longtemps, à savoir qu'il n'existe pas de preuves d'actes répréhensibles», a déclaré pour sa part depuis l'Australie Sam Walsh, l'un des responsables de Rio Tinto.

Cette affaire intervient alors que les sidérurgistes chinois mènent d'âpres négociations sur le prix du minerai de fer des géants miniers étrangers, et notamment Rio Tinto.

Elle survient aussi après que Rio Tinto eut renoncé en juin à un accord stratégique avec le géant public chinois de l'aluminium Chinalco, qui aurait permis à ce dernier de prendre une part de son capital et d'hériter de beaux actifs miniers.

Les quatre personnes poursuivies -- outre Stern Hu, trois Chinois, Liu Caikui, Ge Minqiang et Wang Yong -- ont été interpellés et emprisonnés le 5 juillet sous l'accusation de vols de secrets d'Etat et d'espionnage.

Selon les lois chinoises, le Parquet dispose normalement de sept jours pour autoriser ou non une interpellation. Mais, dans l'affaire Rio Tinto, il a fallu attendre plus d'un mois, un délai que certains expliquent par la complexité du dossier.

«La détention peut être prolongée si les procureurs ont besoin de mener des investigations supplémentaires», a affirmé Wang Minyuan, un expert juridique à l'Académie chinoise des sciences sociales, cité par le China Daily.

Dans le même temps, Pékin a tenté de rassurer les investisseurs étrangers.

«Cela ne nuira pas aux efforts chinois pour attirer les investissements directs étrangers. Au contraire, nous pensons que cela aura un effet bénéfique (sur ces efforts)», a déclaré mercredi à la presse le vice-ministre du Commerce, Fu Ziying.

Ce dernier a également jugé que les relations avec l'Australie ne seraient pas affectées.

«Cette affaire ne devrait pas et n'aura pas d'impact sur le développement sain et stable des relations bilatérales avec l'Australie», a dit M. Fu.

«C'est une affaire complexe qui contient de graves accusations. Nous souhaitons une enquête rapide. Il s'agit d'une enquête pénale individuelle, qui se poursuit en accord avec les lois chinoises», a-t-elle ajouté.

Pékin a écarté tout lien avec le dossier Chinalco, évoquant un cas judiciaire individuel.

Il y a quelques jours, des diplomates australiens ont été autorisés pour la seconde fois à rendre visite en prison à M. Hu, qui semble en bonne santé.