Une porte qui était bien fermée vient de s'entrouvrir pour Pratt & Whitney Canada (P&WC).

Le manufacturier de biréacteurs d'affaires Dassault a décidé de revoir les plans d'un nouvel appareil de catégorie intermédiaire supérieur, le SMS, et, surtout, de revoir le choix du moteur de cet avion. Il y a deux ans, Dassault avait fait les manchettes des médias spécialisés en choisissant Rolls-Royce, à l'issue d'une intense compétition qui avait opposé Rolls-Royce à Pratt & Whitney Canada, General Electric, Honeywell et Snecma.

«Nous avons réalisé que nous n'avions pas atteint nos objectifs techniques et financiers, a déclaré le chef de la direction de Dassault, Charles Edelstenne. Tout est ouvert, incluant le choix du moteur.»

Le président de P&WC, John Saabas, a profité du Salon aéronautique du Bourget pour rencontrer les gens de Dassault et leur proposer deux types de moteurs, le PW300 et le PW800, tout dépendant de la puissance que nécessitera l'appareil.

«Ça rouvre la porte, indique M. Saabas, en entrevue avec La Presse Affaires. Nous allons passer par la porte pour voir si cette fois-ci, nous pouvons rentrer.»

Un président occupé

En dépit de la crise économique et de la crise du crédit, qui ont durement frappé l'industrie aéronautique, M. Saabas a un horaire particulièrement occupé pendant le Bourget avec plus d'une dizaine de rendez-vous par jour. La Presse Affaires a réussi à lui voler quelques minutes en cheminant avec lui entre le chalet de Bell Helicopter et celui d'United Technologies, la société mère de P&WC, à bord d'une voiturette de golf.

P&WC avait l'intention de fabriquer les moteurs de la famille du PW800 dans sa nouvelle usine de Mirabel. Cessna avait choisi cette famille pour un nouvel appareil, le Columbus. Or, le manufacturier américain a mis ce projet sur la glace, ce qui laisse le PW800 sans plateforme.

M. Saabas affirme que P&WC va quand même de l'avant avec l'usine de Mirabel parce que celle-ci assemblera également le moteur de la CSeries de Bombardier.

P&WC voudrait quand même trouver de nouveaux clients pour la famille PW800. «Nous travaillons avec plusieurs manufacturiers.»

M. Saabas interrompt l'entrevue alors que la voiturette passe devant deux petits avions turbopropulsés de l'entreprise Air Tractor. Celle-ci fabrique notamment des appareils qui font de l'épandage agricole et qui combattent les incendies de forêt.

«Nous faisons les moteurs pour eux, observe M. Saabas. C'est un marché qui ne souffre pas de la crise. Il faut continuer à manger et à lutter contre les incendies.»

Il montre du doigt un autre appareil turbopropulsé, le Pilatus PC-12, puis un Q400 de Bombardier, d'autres avions motorisés par P&WC.

«Les marchés des avions de service, des hélicoptères et des avions turbopropulsés vont bien ces temps-ci», affirme-t-il.

Ça tombe plutôt bien parce que le marché des avions d'affaires, qui représente 50% des revenus de P&WC, est en chute libre. Le motoriste avait annoncé 1000 licenciements dans son réseau en février dernier. Pour l'instant, il n'est pas question de procéder à des licenciements supplémentaires, mais tout dépendra de la capacité des avionneurs à maintenir le rythme de production actuel.

«Si ça baisse encore, il faudra revoir nos plans», indique M. Saabas.