Le réalisateur américain Woody Allen a accepté hier devant un tribunal de New York 5 millions de dollars de la marque de vêtements American Apparel, qu'il accusait d'avoir exploité son image illégalement, évitant ainsi un procès qui risquait de devenir embarrassant.

Woody Allen, 73 ans, reprochait à la marque, connue pour ses campagnes publicitaires osées, d'avoir utilisé son image sans autorisation sur des affiches publicitaires et réclamait 10 millions de dollars.

Le fondateur d'American Apparel, le Montréalais Dov Charney, chef d'entreprise excentrique et controversé, affirmait n'avoir rien fait de mal en utilisant une photo tirée du film Annie Hall, qui présente Woody Allen en juif hassidique, avec barbe fournie, papillotes et chapeau à larges bords.

Les deux hommes étaient présents hier au tribunal. Ils se sont retirés dans une salle avec le juge, et en sont ressortis après quelques minutes pour annoncer qu'ils avaient trouvé un accord.

«Ce n'est pas ainsi que je gagne ma vie, et cinq millions de dollars sont une somme suffisante pour décourager American Apparel ou quiconque voudrait tenter la même chose», a dit le cinéaste à la presse en sortant.

«On me dit que cette somme est un record» pour une atteinte à la vie privée, droit à l'image et détournement commercial, a-t-il ajouté.

Dov Charney, 40 ans, avait initialement annoncé qu'il avait l'intention d'aller jusqu'au bout du procès et de dire un certain nombre de choses désagréables à Woody Allen.

Mais ses avocats et lui ont accepté de conclure l'affaire à l'amiable après quelques minutes seulement. «C'est peut-être dommage, mais mon assureur a préféré régler les choses», a-t-il dit aux journalistes.

«La responsabilité (d'American Apparel) était évidente, et le juge l'a souligné», a remarqué Woody Allen.

Accolade repoussée

Les deux hommes ne se sont pas parlé. Dov Charney, qui a été poursuivi en justice à plusieurs reprises pour harcèlement sexuel, a tenté de donner une accolade à l'avocat de Woody Allen, Michael Zweig, qui l'a repoussé.

«Ce n'est pas approprié», a répété l'avocat à plusieurs reprises, tandis que l'homme d'affaires lui disait: «Tu vas me manquer.»

Dov Charney a affirmé qu'il espérait revoir Woody Allen «dans des circonstances plus amicales», et qu'il était «impatient de voir son prochain film».

Le litige avait commencé il y a deux ans, après que la marque eut brièvement utilisé cette photo sur des panneaux d'affichage à New York et Los Angeles.

Avant l'audience d'hier, les deux parties avaient échangé des propos peu amènes. Woody Allen avait accusé American Apparel, qui fait souvent appel à des modèles peu vêtus pour vanter ses dessous et t-shirts, d'avoir une «image sordide».

« (Les publicités) que j'ai vues étaient sexuellement choquantes, stupides et infantiles», avait dit l'acteur-réalisateur dans une déposition en décembre.

Les avocats de la marque avaient menacé pour leur pour leur part d'évoquer la vie privée du réalisateur, notamment son mariage avec Soon-Yi Previn, 38 ans, de 35 ans sa cadette et fille adoptive de son ex-compagne Mia Farrow, affirmant que la réputation du cinéaste ne valait pas autant qu'il le prétendait.

Le dernier film de Woody Allen, Whatever Works, doit sortir en juin aux États-Unis.