Pour la deuxième fois, Bombardier (T.BBD.B) tente de décrocher un imposant contrat de 1,2 milliard de dollars pour le remplacement des tramways de Toronto. Mais cette fois-ci, un redoutable concurrent se dresse sur la voie: Siemens.

L'entreprise allemande n'avait pas participé au premier appel d'offres de la Toronto Transit Commission (TTC).

«À l'époque, nous n'avions pas la capacité disponible pour répondre aux exigences techniques de la TTC, a déclaré le directeur des communications corporatives de Siemens Canada, D.L. Leslie. Cette fois-ci, nous l'avons.»

 

Siemens propose à la TTC le Combino Plus, un nouveau tramway à plancher surbaissé qui roule présentement à Lisbonne et à Budapest. L'entreprise allemande a livré le dernier de ces véhicules en mai 2007. Le contrat initial de la TTC, qui porte sur le remplacement de 204 tramways, arriverait donc à point nommé. À terme, Toronto entend remplacer 600 tramways, pour une somme totale de 3 milliards de dollars.

Siemens s'engage à établir une usine d'assemblage au Canada afin de respecter l'exigence de 25% de contenu canadien établie par la TTC.

«Les pièces proviendront cependant de différents pays», a précisé M. Leslie.

Le syndicat des employés de l'usine de Bombardier à Thunder Bay a fait valoir que la soumission de Bombardier aura un contenu canadien beaucoup plus élevé, compte tenu de son implantation au pays et d'une chaîne d'approvisionnement déjà bien établie.

«C'est une meilleure soumission pour le Canada pour la simple raison qu'elle permettra de renforcer et d'accroître la capacité manufacturière du pays, a déclaré le président de la section locale 1075 des Travailleurs canadiens de l'automobile, Paul Pugh. En cette période de crise économique, nous espérons que cela sera pris en considération.»

Il a affirmé que l'ensemble du contrat assurera du travail pour 250 à 300 employés pendant 10 ans.

«En outre, le contrat permettra à l'usine de bien se positionner dans la fabrication d'un produit qui sera probablement très recherché par les autres commissions de transport à travers l'Amérique du Nord, a soutenu M. Pugh. C'est ce qui est arrivé avec notre voiture de train de banlieue à deux étages, qui est devenu le véhicule le plus populaire de ce type en Amérique du Nord et qui est utilisé par 11 commissions de transport au Canada et aux États-Unis.»

Lors d'un premier appel d'offres pour le remplacement des tramways de Toronto, Bombardier avait affronté un concurrent peu inquiétant, TRAM Power, une petite entreprise qui n'avait produit qu'un seul prototype de tramway.

La TTC avait cependant asséné un sérieux soufflet à Bombardier en rejetant sa soumission, affirmant qu'elle ne respectait pas les critères techniques de l'appel d'offres.

La TTC a organisé un nouveau processus. Seuls Bombardier et Siemens ont déposé une soumission avant la date limite, vendredi dernier.

Le porte-parole de la TTC, Brad Ross, a affirmé que la commission n'avait pas modifié ses exigences, mais qu'elle avait tenu à rencontrer les participants pour qu'ils comprennent bien les exigences et ainsi assurer qu'il n'y ait pas de «surprises» lors de l'ouverture des soumissions.

Bombardier s'est montré avare de commentaires hier. Le porte-parole de Bombardier Transport, David Slack, a simplement admis que la nouvelle offre du manufacturier avait été modifiée pour répondre aux exigences de la TTC.

Un comité de la TTC fera connaître sa recommandation le 27 avril prochain.