À l'approche des élections de mi-mandat, Donald Trump s'attribue la paternité du boom économique des États-Unis, mais son prédécesseur Barack Obama entend bien revendiquer sa part dans la croissance de la première économie mondiale.

«L'économie des États-Unis prospère grâce au président Donald Trump», a affirmé lundi la Maison-Blanche en réponse aux récentes déclarations de l'ancien président démocrate. «Le président Trump a retourné les évolutions économiques atones expérimentées sous Obama».

La croissance des États-Unis a fait un bond au deuxième trimestre, franchissant la barre des 4% en rythme annuel pour la première fois en quatre ans.

Pour l'année entière, le Fonds monétaire international (FMI) table sur une projection de croissance de 2,9% et de 2,7% en 2019, ce qui marquera «la plus longue période d'expansion» de l'histoire du pays.

Les joutes verbales sont entrées dans le vif vendredi quand Barack Obama a estimé que Donald Trump ne faisait que récolter les fruits de sa propre politique.

«L'économie se porte super bien, peut-être la meilleure période de l'histoire de notre pays», a souligné lundi le milliardaire républicain. «Si les démocrates avaient gagné les élections en 2016, (la croissance du) PIB, qui était d'environ 1% et en train de ralentir, aurait été de moins 4% au lieu de jusqu'à plus 4,2%», a-t-il estimé.

Mettant en avant deux mesures phare de sa politique économique - «la réforme fiscale et la dérégulation» - M. Trump a ajouté que «le taux de croissance (4,2%) est plus élevé que le taux de chômage (3,9%) pour la première fois en plus de 100 ans!».

Une affirmation fausse, selon une vérification de faits réalisé par l'AFP, montrant de très nombreux exemples où cela fut déjà le cas.

À l'approche des élections du 6 novembre, l'économie constitue la carte majeure de Donald Trump, fragilisé par les enquêtes judiciaires visant plusieurs de ses anciens proches collaborateurs.

Déficit et ralentissement à l'horizon 

Lui-même est en proie à de violentes critiques sur sa personnalité et sa façon de présider.

La semaine dernière, des extraits du livre du journaliste d'investigation Bob Woodward consacré au 45e président des États-Unis ont dressé le portrait d'un dirigeant inculte, colérique et paranoïaque, que ses collaborateurs s'efforcent de contrôler pour éviter les pires dérapages.

Face à la menace d'une «vague bleue» (démocrate) en novembre, Donald Trump ne cesse donc de louer son bilan économique, ce qui a fait réagir Barack Obama.

Relativement discret depuis son départ de la Maison-Blanche le 20 janvier 2017, ce dernier est sorti de sa réserve vendredi pour mettre les points sur les «i».

Il a d'abord rappelé le contexte: lorsqu'il a pris ses fonctions en 2009, l'économie américaine perdait 800 000 emplois chaque mois. C'était la crise mondiale avec des effets inédits depuis la Seconde guerre mondiale. Donald Trump est, lui, arrivé dans une économie assainie.

«Quand j'ai quitté mes fonctions, le revenu des ménages était proche d'un record (...) et les salaires augmentaient», a fait valoir M. Obama.

«Je suis heureux que cela (la reprise) se poursuive mais, quand on entend parler de miracle économique (...), je dois leur rappeler que les chiffres relatifs à l'emploi sont assez proches de ce qu'ils étaient en 2015 et 2016».

De fait, les créations d'emplois ont été en moyenne mensuelle de 183 000 en 2017 et de 211 000 en 2018, contre 195 000 en 2016 et 226 000 en 2015.

«Il n'y a aucun doute que le crédit est à mettre au compte d'un mélange» des deux présidences, estime Douglas Holtz-Eakin, ancien directeur du Bureau du budget du Congrès.

«Je préfère blâmer ou donner du crédit à des mesures politiques plutôt qu'à des personnes», a de son côté réagi le président du conseil économique Kevin Hassett.

Tout en soulignant qu'on avait pu blâmer M. Obama pour la grande récession dont il n'était pas responsable, il a cité une mesure adoptée par celui-ci qui a conduit les petites entreprises à freiner les embauches.

Les économistes s'accordent à dire que la refonte fiscale adoptée fin décembre - la plus importante depuis trente ans - stimule largement aujourd'hui l'économie américaine en ayant réduit certains impôts sur le revenu et surtout abaissé nettement l'impôt sur les sociétés (de 35% à 21%).

Ils soulignent aussi à l'unisson que les effets du stimulus fiscal et budgétaire vont s'estomper. Le FMI projette ainsi un ralentissement à 1,9% en 2020 et 1,7% en 2021.