La croissance des États-Unis a fait un bond au deuxième trimestre, franchissant la barre des 4% pour la première fois en quatre ans, une performance saluée avec triomphe par Donald Trump.

D'avril à juin, l'expansion du Produit intérieur brut (PIB) a atteint 4,1% en rythme annuel, la cadence la plus forte depuis le dernier trimestre de 2014.

«Nous faisons envie au reste du monde [...] L'Amérique est respectée !», a lancé le président Donald Trump évoquant un «miracle économique» après la publication vendredi de cette première estimation du département du Commerce.

«Nous avons réalisé un retournement économique d'ampleur historique», a-t-il ajouté assurant que conformément à ses promesses électorales, le pays était «sur la bonne voie pour arriver au plus fort taux de croissance annuel en treize ans».

«Nous allons atteindre une croissance annuelle de plus de 3%, probablement bien au-dessus de 3%», a encore assuré le président, ajoutant qu'au cours des deux précédentes présidences cette expansion avait en moyenne plafonné à 1,8%. La Réserve fédérale prévoit pour l'instant 2,8% pour l'ensemble de l'année 2018.

Mais de nombreux économistes estimaient que l'économie ne pourra pas maintenir ce rythme effréné. «Aidée par le stimulus budgétaire, l'économie a bénéficié d'un fort premier semestre mais, alors que ce soutien va s'évanouir et que la politique monétaire va devenir plus restrictive, nous nous attendons à ce que la croissance ralentisse de façon marquée à partir du milieu de 2019», a affirmé Paul Ashworth, économiste en chef pour les États-Unis chez Capital Economics.

Mais pour Donald Trump, «ces chiffres sont très, très soutenables. Ce n'est pas un coup isolé».

En rythme annuel, la valeur des marchandises et services produits aux États-Unis a dépassé pour la première fois de l'histoire les 20 000 milliards de dollars.

«Si la croissance continue comme cela, la taille de l'économie des États-Unis va doubler en dix ans, plus rapidement que cela n'aurait été le cas sous les présidents Bush ou Obama», a encore lancé M. Trump devant la Maison-Blanche.

Consommation vigoureuse

Au deuxième trimestre, l'expansion de la première économie mondiale a été tirée par une vive consommation, en hausse de 4%, son meilleur chiffre depuis fin 2014 également.

Les coupes d'impôts, adoptées par les républicains à la fin de l'année 2017, semblent avoir enfin dopé les dépenses des ménages. Les Américains ont surtout acheté davantage de biens durables (+9,3%) et particulièrement des voitures.

Un autre point fort des chiffres du trimestre: les exportations ont grimpé de 9,3%, au plus haut depuis cinq ans. Cette forte hausse apparaît comme un effet secondaire des tensions commerciales causées par l'administration Trump au début du printemps avec l'imposition de taxes sur l'acier et l'aluminium importés, notamment de Chine.

Avant que les Chinois ne répliquent et n'imposent des taxes en juillet sur le soja américain, les acheteurs étrangers paraissent avoir anticipé et fait le plein des silos.

Les exportations ont ainsi contribué pour 1,12 point à la croissance, un sommet depuis cinq ans. «Le déficit commercial a baissé de plus de 50 milliards de dollars, une chute formidable», a affirmé M. Trump qui a lancé un bras de fer commercial avec la plupart des partenaires commerciaux de Washington.

Du côté des entreprises, grandes bénéficiaires de la réforme fiscale, les investissements se sont bien comportés, progressant de 7,3%.

Ce dynamisme de l'activité devrait conforter la Réserve fédérale dans sa stratégie de relever progressivement les taux d'intérêt afin de prévenir une surchauffe.

La Fed tient une réunion monétaire mercredi dans une atmosphère un peu tendue alors que le locataire de la Maison-Blanche, rompant avec la tradition récente de respect d'indépendance de la Fed, n'a pas hésité à s'en prendre à l'institution monétaire, lui reprochant de renchérir le coût de l'argent.

«Je ne suis pas content» de la politique monétaire consistant à relever progressivement les taux d'intérêt, «mais en même temps je les laisse faire ce qu'ils estiment être le mieux», a affirmé M. Trump la semaine dernière dénonçant aussi la montée du dollar qui peut commercialement handicaper les États-Unis.

Les prochaines hausses de taux de la Fed ne sont toutefois attendues qu'à partir de septembre par les acteurs financiers.