Les partenaires commerciaux des États-Unis ne savaient toujours pas, lundi, s'ils seraient frappés à minuit par des tarifs douaniers américains sur leurs exportations d'acier et d'aluminium qui devaient entrer en vigueur le 1er mai.

Le Canada a de bonnes raisons de s'inquiéter, à titre de principal exportateur de ces métaux aux États-Unis. Ottawa espère obtenir une nouvelle exemption, comme le Mexique, alors que se poursuivent les négociations pour le renouvellement de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

Les tarifs douaniers devaient entrer en vigueur il y a quelques semaines, mais le président Donald Trump a reporté au 1er mai, par décret, cette mesure. Selon un haut responsable à la Maison-Blanche, un report supplémentaire exigerait un nouveau décret présidentiel, avant minuit lundi soir.

Le Canada maintient que ces mesures ne peuvent se justifier ni d'un point de vue économique ni d'un point de vue juridique - et pas même d'un point de vue militaire. L'administration Trump soutient que ces tarifs sont nécessaires notamment parce qu'une trop grande dépendance aux métaux de l'étranger constitue une menace à la sécurité nationale des États-Unis.

Ottawa rétorque que le Canada fournit des métaux au complexe militaro-industriel américain depuis des décennies, que les importations et les exportations d'acier sont essentiellement équilibrées entre les deux pays, et que le gouvernement canadien collabore déjà avec Washington pour éviter tout dumping d'acier en provenance de l'Asie.

On ignore par ailleurs comment il serait possible de gérer de tels tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium dans une industrie aussi intégrée que celle de l'automobile - où certaines parties du véhicule franchissent plusieurs fois les frontières nord-américaines avant d'être finalement assemblées.

De passage à Vancouver, lundi matin, le premier ministre Justin Trudeau demeurait optimiste. « Il n'y a aucun doute que les deux pays sont aussi intégrés dans leur commerce d'aluminium et d'acier, et ce serait dommage, pas seulement pour le Canada, mais pour les États-Unis aussi, de voir des limites ou des tarifs imposés sur ce commerce », a-t-il soutenu.

« Nous continuons de travailler avec l'administration américaine, mais nous restons optimistes que nous allons continuer de pouvoir défendre les bons emplois en acier et en aluminium à travers le pays. »