Le déficit commercial des États-Unis s'est encore creusé en février, pour le sixième mois d'affilée, a annoncé jeudi le département du Commerce, précisant qu'il s'agit de son plus haut niveau depuis octobre 2008.

Le solde, chroniquement déficitaire, des échanges des États-Unis avec le reste du monde a augmenté de 1,6 % en un mois pour s'établir à 57,6 milliards de dollars, montant supérieur aux prévisions des analystes qui tablaient sur 56,7 milliards.

Les exportations de biens et services ont atteint un niveau record absolu en février à 204,4 milliards de dollars, mais elles restent très largement inférieures aux importations de biens et services (262 milliards), qui ont, elles aussi, atteint un record absolu.

Le déficit des seules marchandises (75,9 milliards) s'est, lui, hissé à son plus haut niveau depuis juillet 2008 malgré un net infléchissement du déficit avec la Chine, au coeur d'une escalade des tensions entre Washington et Pékin.

Le déficit des marchandises avec le géant asiatique a en effet chuté de 18,6 % à 29,3 milliards de dollars, avec des importations qui se sont inscrites en baisse de 14,7 % et des exportations stables.

Cette baisse n'est toutefois pas de nature à changer la tendance de fond puisque depuis le début de l'année, le déficit des biens avec Pékin a bondi de 20,2 %.

Ces données sont publiées après de nouvelles frictions cette semaine entre les États-Unis et la Chine sur le commerce.

L'administration Trump, qui accuse la Chine de pratiques commerciales «déloyales» avec un «transfert forcé» de technologie américaine ou de «vol» de propriété intellectuelle, a publié une liste provisoire de produits importés de Chine susceptibles d'être soumis à de nouveaux droits de douane.

Pékin a aussitôt répliqué avec sa propre liste visant des importations stratégiques en provenance des États-Unis (soya, produits des secteurs aéronautique et automobile) du même montant annuel: 50 milliards de dollars.

Pour l'heure, ces mesures drastiques ne sont effectives ni d'un côté ni de l'autre, mais elles suscitent une crainte d'une véritable guerre commerciale aux conséquences potentiellement négatives non seulement pour les économies de ces deux premières puissances du monde, mais encore pour l'expansion mondiale.

Dans le détail, parmi les biens importés en février, le département du Commerce note un record des importations de nourriture et de boissons.

Par répartition géographique, le déficit des biens avec le Mexique a bondi de 46,6 % à 6,1 milliards. En revanche, le déficit des biens avec le Canada a chuté de 89,6 % à 400 millions en février.

Le déséquilibre des échanges commerciaux avec Mexico est également dans le viseur de Donald Trump qui a imposé la renégociation du traité de libre-échange nord-américain (ALENA) qui unit les États-Unis, le Mexique et le Canada depuis 1994. Pour l'heure, les points litigieux n'ont pas été surmontés.

Avec l'Union européenne, autre partenaire commercial sous la pression des États-Unis, le déficit a diminué de 11,5 % à 12 milliards.

Washington a imposé le 8 mars des droits de douane de 25 % sur les importations d'acier et de 10 % sur celles d'aluminium. L'Union européenne en a été provisoirement exemptée. Les deux parties sont en discussions, Donald Trump exigeant des 28 pays membres qu'ils ouvrent davantage leur marché aux produits américains.