Jerome Powell, choisi par le président Trump pour diriger la Fed, a adopté un ton prudent devant le Congrès mardi, promettant la poursuite de la hausse progressive des taux et esquivant les polémiques sur la régulation financière ou les réductions d'impôts.

Lors d'une audience de confirmation devant la Commission bancaire du Sénat, M. Powell, 64 ans, un républicain modéré qui a été gouverneur à la Fed pendant cinq ans, est apparu décontracté et à l'aise. «Vous êtes l'économiste le plus important ces temps-ci. Quel effet ça vous fait ?», lui demande un sénateur. «Je suis content», a répliqué M. Powell souvent souriant.

Sur le front monétaire, le futur patron de la Fed, qui devrait être confirmé par le Sénat sans difficulté, a semblé suivre la trace de Mme Yellen.

Le Comité monétaire de la banque centrale américaine se réunit les 12 et 13 décembre et les marchés s'attendent à une hausse des taux d'un quart de point de pourcentage pour les situer entre 1,25% et 1,5%.

M. Powell a indiqué que les taux directeurs allaient continuer d'augmenter et que les conditions économiques paraissaient «soutenir» l'idée d'un relèvement dès la prochaine réunion monétaire.

«Il est temps de normaliser» progressivement les taux d'intérêt, a-t-il indiqué.

À propos de l'emploi, M. Powell est apparu du côté des «colombes» à l'instar de Mme Yellen, estimant que même si le taux de chômage - à 4,1% - se rapproche du plein emploi, il existe encore une «marge d'amélioration».

Une partie importante de la population reste à l'écart du marché du travail, n'étant pas comptabilisée comme chômeurs, a-t-il expliqué. M. Powell a particulièrement cité la tranche des jeunes hommes qui, pour des raisons allant du manque de formation à l'usage de médicaments opiacés, ne recherchent pas un travail.

Du côté de l'inflation, l'autre mandat de la Fed, qui veut la faire évoluer autour de 2% pour la santé de l'économie, le futur patron de la banque centrale a juste admis qu'il avait été «surpris comme tous» par sa faiblesse, mais que les données économiques pouvaient encore évoluer.

Ajuster la régulation

Pressé par les élus des deux partis sur l'évolution de la régulation financière que le président Trump veut réduire, M. Powell a été prudent, indiquant que la Fed était prête à «ajuster» la règlementation financière, notamment pour les plus petites banques.

Il a affirmé qu'il n'y avait plus de banques «trop importante pour faire faillite» (too big to fail), selon lui, après les efforts de la loi Dodd-Frank qui a imposé des normes de capitaux, de liquidités et des tests de résistance. Il veut conserver ces étalons de régulation pour les grands établissements bancaires, mais n'a pas exclu que les tests deviennent «périodiques» plutôt qu'annuels.

M. Powell a soigneusement évité de se prononcer sur l'abrupte reprise en main par la Maison-Blanche d'une instance de protection des consommateurs dans le domaine financier, le CFPB.

Cette agence est au centre d'une polémique juridique et institutionnelle entre républicains et démocrates. «Ce type d'agences doit faire du mieux qu'elles peuvent pour fonctionner dans le cadre de leur mandat sans s'occuper de politique», a-t-il lancé.

Dernier sujet qu'il a pris grand soin d'esquiver: la réforme des impôts actuellement en discussion au Congrès qui creusera le déficit et la dette des États-Unis d'au moins 1500 milliards de dollars sur plusieurs années.

«On doit se soucier de la viabilité budgétaire à long terme», a juste dit M. Powell avant d'affirmer qu'il n'était «pas un expert» sur la réforme des impôts et que ce n'était pas à la Fed «de prendre parti».

Jerome Powell est un juriste et un ancien banquier, déjà gouverneur de la banque centrale depuis 2012. Il a aussi été un responsable du Trésor américain sous la présidence de George Bush père.

Il prendra son poste en février, à la fin du mandat de Janet Yellen, 71 ans, la première femme, nommée par Barack Obama, à la tête de la banque centrale, dont il a cité le nom une seule fois dans son discours. Mme Yellen n'a pas été reconduite par Donald Trump.