La Réserve fédérale américaine (Fed) a maintenu les taux d'intérêt inchangés mercredi, citant un ralentissement «temporaire» de la croissance au 1er trimestre, mais elle reste optimiste sur l'évolution de la première économie mondiale.

Le taux interbancaire au jour le jour est maintenu dans la fourchette de 0,75 % à 1 %, selon le communiqué du Comité monétaire (FOMC) qui continue à miser sur une expansion modérée de l'économie après un ralentissement «probablement temporaire» de la croissance de janvier à mars.

La Fed avait relevé les taux d'un quart de point de pourcentage en mars, indiquant qu'elle prévoyait de les resserrer encore par deux fois d'ici la fin de l'année, une prévision qui reste visiblement d'actualité. Les marchés ne s'attendaient pas à ce qu'elle rehausse les taux mercredi.

Comme lors de ses derniers rendez-vous, le Comité répète sa conviction que les conditions économiques vont évoluer «d'une manière qui demandera des ajustements graduels dans le niveau des fonds fédéraux».

Il estime que «le ralentissement de la croissance au cours du 1er trimestre est probablement temporaire et continue de prévoir qu'avec les mesures graduelles d'assouplissement monétaire adéquates, l'activité économique progressera à un rythme modéré, les conditions du marché du travail se renforceront encore légèrement et l'inflation se stabilisera autour de 2 % à moyen terme».

La croissance a été décevante au 1er trimestre à 0,7 % en rythme annualisé contre 2,1 % au 4T. Le taux de chômage est tombé à 4,5 %, le plus bas en dix ans en mars. Le gouvernement doit publier vendredi les chiffres de l'emploi pour avril et les analystes prévoient des créations d'emplois toujours soutenues (170 000) même si le taux de chômage pourrait remonter d'un dixième de point de pourcentage à 4,6 %.

La Fed note que les dépenses des ménages n'ont augmenté «que modestement» (+0,3 % au 1T), mais assure que «les fondamentaux soutenant la progression de la consommation demeurent solides».

Elle relève que les investissements des entreprises se sont «raffermis». Elle note aussi que l'inflation a décliné sur un mois en mars - hormis les secteurs volatils de l'alimentation et de l'énergie - et qu'elle reste globalement «un peu en dessous » de son objectif annuel de 2 % (1,8 %, selon l'indice PCE).

La banque centrale, dont la prochaine réunion monétaire est prévue les 13 et 14 juin, continue de surveiller «les développements financiers et internationaux». Elle estime que les risques pour l'économie à court terme sont «équilibrés».

La décision de maintenir le statu quo sur les taux a été prise à l'unanimité par les membres du Comité.

Ton positif

La Fed ne donne pas d'indice sur son plan de réduire à terme le volume des actifs accumulés après la crise financière pour soutenir la reprise, une démarche qui reviendrait à resserrer modestement le coût du crédit. Elle continue pour l'instant de réinvestir le produit de ces titres arrivant à maturité.

«La banque centrale adopte un ton plutôt optimiste sur l'économie des États-Unis en dépit d'une faiblesse des récentes données économiques», a commenté Omer Esiner, analyste pour Commonwealth Foreign Exchange.

Pour Ian Shepherdson de Pantheon Macroeconomics, la Fed «de toute évidence ne prend pas au sérieux le ralentissement de la croissance au 1er trimestre (...). Elle n'a pas changé son opinion sur le fait que l'économie peut encaisser des hausses de taux progressives».

La faiblesse de la croissance au 1er trimestre, si elle a surpris les analystes, semble refléter des éléments exceptionnels comme la douceur de l'hiver qui a réduit les dépenses de chauffage et un retard dans les versements annuels de trop-perçus d'impôts. Les économistes ont aussi observé ces dernières années une faiblesse récurrente de l'estimation de la croissance sur les trois premiers mois de l'année.

La banque centrale ne prend théoriquement pas encore en compte -- avant qu'elles ne soient dûment votées --, les mesures de relance que l'administration Trump veut adopter pour doper la croissance, comme les réductions d'impôts pour les entreprises ou les dépenses d'infrastructures.

Le président Trump assure que l'économie américaine peut dépasser une croissance de 3 %, un objectif qui pourrait prendre «deux ans» à atteindre, selon son secrétaire au Trésor Steven Mnuchin.