La présidente de la Réserve fédérale (Fed) Janet Yellen, vivement critiquée par Donald Trump durant la campagne, a assuré qu'elle comptait rester en poste jusqu'à la fin de son mandat en 2018 et répété qu'une hausse des taux était pour bientôt.

S'exprimant publiquement pour la première fois depuis l'élection présidentielle, Mme Yellen a répété devant une Commission du Congrès qu'un resserrement du crédit «pourrait bien être approprié relativement rapidement si les données économiques continuaient de montrer des progrès».

Mais elle s'est montrée prudente, insistant plusieurs fois sur le fait que l'économie américaine avait encore une marge d'appréciation. La Fed tiendra une réunion monétaire les 13 et 14 décembre et les analystes s'attendent à un relèvement des taux d'intérêt, pour la première fois depuis un an.

Interrogée sur ses intentions à la tête de la banque centrale, alors que Donald Trump l'a accusée de jouer le jeu des démocrates en conservant des taux bas, Mme Yellen, 70 ans, a assuré qu'elle avait «tout à fait l'intention de servir» son mandat «jusqu'à son terme», en février 2018.

Sur les mesures de relance budgétaire envisagées par le président élu en réduisant les impôts des sociétés notamment, la patronne de la banque centrale a invité les élus et la nouvelle administration à «examiner avec prudence» l'impact de telles mesures, notamment sur l'endettement à long terme.

Elle a aussi insisté sur «l'importance cruciale» de l'indépendance de la banque centrale qui doit garder «une vue d'ensemble» et ne pas réagir aux pressions à court terme pour fixer la politique monétaire, alors que plusieurs projets de loi républicains au Congrès veulent réformer la structure, voire les mandats de la Réserve fédérale.

Sur l'état de l'activité économique, Mme Yellen a affirmé que la première économie mondiale faisait «de très bons progrès» vers les deux cibles de la Fed, qui sont le plein emploi et une inflation de 2 %. Mais elle estime qu'il y a encore une marge d'amélioration, notamment sur le front de l'emploi.

La relative stabilité du taux de chômage à 4,9 % et le fait que le taux de participation à l'emploi n'augmente guère font dire à la patronne de la Fed qu'il y a encore des progrès à faire.

Dans son discours, elle a relevé que le taux de chômage parmi les Noirs et les Hispaniques était «plus haut» que pour le reste de la population, tandis que leurs revenus médians étaient «encore bien en dessous» de celui du reste des ménages américains.

La patronne de la Fed a assuré que la croissance économique, qui s'est accélérée à 2,9 % au 3e trimestre en rythme annualisé, «continuerait à un rythme modéré» suffisant pour générer de meilleures conditions sur le marché du travail et un retour de l'inflation vers l'objectif de 2 %».

Celle-ci s'est accélérée en octobre à 1,6 % sur un an, selon l'indice CPI publié jeudi par le département du Travail. Selon l'autre indice PCE, baromètre favori de la Fed, elle s'élève à 1,5 %.

Davantage de preuves

«Attendre davantage de preuves» d'amélioration de l'activité «ne reflète pas un manque de confiance dans l'économie», a-t-elle assuré, ajoutant qu'il ne fallait pas non plus attendre trop longtemps avant de relever les taux, sous peine de devoir les augmenter plus brutalement par la suite.

Mme Yellen a noté que les dépenses de consommation, moteur de l'économie américaine, poursuivaient «leur progression modérée», mais que la production industrielle continuait d'être «restreinte par la faiblesse de la croissance à l'étranger et l'appréciation du dollar».

Pour les économistes de HFE, les propos de la présidente de la banque centrale «vont sans doute renforcer les attentes d'une hausse des taux pour décembre».

Mais d'autres observateurs, comme Ian Shepherdson, de Pantheon Macroeconomics, la trouvaient un peu trop confiante à leur goût sur la capacité de l'économie américaine à s'améliorer encore sans générer d'inflation. «Nous sommes inquiets qu'elle pense encore qu'au bout du compte les taux n'auront pas besoin d'être relevés davantage», a indiqué cet économiste.

Mme Yellen a redit que le Comité monétaire tablait sur une future augmentation «graduelle» des taux directeurs.

Le taux interbancaire au jour le jour, qui fixe les intérêts des prêts que les banques se font entre elles et qui est censé soutenir l'économie lorsqu'il est bas, se situe actuellement entre 0,25 % et 0,50 %.