Donald Trump a promis aux Américains des baisses d'impôt deux fois plus importantes que celles de George W. Bush et qui se financeraient par une croissance économique annuelle de 4 %. Une « hypothèse risquée », selon le Mouvement Desjardins. Portait du programme économique du président désigné.

Baisses d'impôts

Les baisses d'impôts de Donald Trump coûteraient 4400 milliards au Trésor américain sur 10 ans (1400 milliards pour les particuliers, 2100 milliards pour les entreprises), soit environ deux fois plus que celles de George W. Bush (1980 milliards en dollars de 2016 sur 10 ans). Pour les particuliers, Donald Trump veut passer de sept paliers d'imposition (de 10 % à 39,6 %) à trois (12 %, 25 % et 33 %), doubler les déductions de base et éliminer la taxe fédérale sur les successions. La tranche du 1 % des contribuables les plus fortunés recevrait 47,3 % des baisses d'impôt et verrait son revenu après impôt augmenter en moyenne de 214 690 $ (+ 13,5 %), selon Desjardins et le Tax Policy Center. Tous les particuliers auraient droit à une baisse d'impôt.

Croissance économique

Donald Trump fait valoir que ses baisses d'impôt et ses autres propositions permettront de faire passer la croissance économique à une fourchette de 3,5 % à 4 % par an. « Une hypothèse risquée », si bien que les baisses d'impôt pourraient devenir « un risque à plus long terme », selon Francis Généreux, économiste principal au Mouvement Desjardins. « On peut être sceptique. Tu peux obtenir un 3,5 ou 4 % pendant quelques trimestres - on a eu 2,9 % au dernier trimestre -, mais d'avoir une croissance continue de cette ampleur est beaucoup moins réaliste », dit Francis Généreux. Il croit que les baisses d'impôt de Trump « pourraient avoir un effet positif sur la croissance économique [mais] le problème, c'est qu'on ne sait pas comment elles vont se payer ».

« C'est positif pour l'économie américaine à court terme d'avoir un président Trump qui est prêt à dépenser », dit quant à lui Benjamin Tal, économiste en chef adjoint chez CIBC Marchés des capitaux.

Déficits et dette en forte hausse

Si la croissance économique espérée par Donald Trump n'est pas au rendez-vous, des économistes craignent que ce soit l'état des finances publiques qui paie pour les baisses d'impôt. Aux États-Unis, le Committee for a Responsable Deficit Budget calcule que les promesses de Donald Trump - sans compter celles sur les infrastructures, qu'il n'a pas chiffrées - coûteront 5300 milliards sur 10 ans. En 2016, le déficit fédéral prévu est de 587 milliards. Et la dette fédérale ? Le Congressional Budget Office prévoyait que la dette fédérale détenue par le public passerait de 75,6 % du produit intérieur brut (PIB) en 2016 à 86,1 % en 2026. Avec le programme économique de Donald Trump, ce serait plutôt 105,1 % du PIB en 2026, soit une hausse de 19 points de pourcentage.

Hausse des dépenses: armée et infrastructuresLe prochain président des États-Unis veut investir davantage dans les infrastructures - « au moins deux fois plus » que le plan de sa rivale démocrate Hillary Clinton, qui proposait 275 milliards sur cinq ans. Il n'a pas chiffré officiellement son plan d'infrastructures. Sur le plan militaire, M. Trump veut hausser les dépenses d'environ 450 milliards sur 10 ans et l'aide aux vétérans de 500 millions sur la même période. Par ailleurs, il veut diminuer les dépenses discrétionnaires non militaires de 1 % par an - soit environ 60 milliards en 2017. Il veut aussi réduire la réglementation.

Protectionnisme

En campagne, Donald Trump parlait de renégocier tous les traités commerciaux des États-Unis, voire de déchirer l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). Ce « durcissement des relations internationales [...] pourrait miner la croissance » tout comme les « restrictions sur l'immigration », prévient l'économiste Francis Généreux. Plusieurs observateurs juridiques et économiques doutent toutefois que l'administration Trump déchire l'ALENA. « Nos exportations aux États-Unis sont reliées aux ressources à 30 %, et des tarifs plus élevés rendraient les entreprises américaines moins concurrentielles. La menace de tarifs au Canada devrait être assez pour convaincre M. Trump de limiter sa rhétorique », indique la Banque Laurentienne dans une étude économique.