De l'immobilier à la haute technologie en passant par l'industrie du spectacle, les investissements chinois aux États-Unis, particulièrement en Californie, sont en passe d'atteindre de nouveaux sommets.

Les entreprises chinoises ont investi le record de 15 milliards de dollars aux États-Unis l'an dernier, un chiffre qui pourrait doubler cette année, d'après le cabinet de recherche Rhodium Group et le Comité national des relations sino-américaines.

La Californie est un eldorado particulièrement convoité pour les investisseurs venus de l'Empire du Milieu, qui y ont injecté 8 milliards de dollars depuis 2000, plus que dans tout autre État américain, d'après Rhodium Group.

Ils jettent leur dévolu tout spécialement vers la haute technologie, les énergies renouvelables, et de plus en plus, l'immobilier, sans oublier Hollywood.

Le géant du divertissement et du tourisme pékinois Wanda, plus gros exploitant de salles de cinéma chinois, a ainsi mis sur la table 3,5 milliards de dollars cette année pour racheter Legendary Pictures, la plus grosse acquisition dans le secteur culturel par la Chine.

D'après le Wall Street Journal, Wanda, convoiterait à présent la société de production qui organise les prestigieux Golden Globes.

Selon Rhodium, la Californie comptait fin 2015 452 entreprises chinoises employant 9500 personnes, dont le géant du commerce en ligne Alibaba et le groupe internet Tencent Holdings.

La frénésie d'achats ne fait que commencer,  selon les experts, malgré les turbulences de l'économie chinoise.

Profond impact

«Les investissements chinois aux États-Unis - en Californie en particulier, - vont se multiplier dans les années à venir», estime Matt Sheehan, auteur d'un livre à paraître, «Chinafornia».

Malgré la rhétorique parfois xénophobe de la campagne électorale et une tendance aux propos anti-chinois au Congrès américain, de nombreuses villes à travers les États-Unis déroulent le tapis rouge pour les investisseurs du géant asiatique.

«Si l'économie chinoise garde une forte croissance, les entreprises auront les liquidités abondantes pour faire des investissements stratégiques et des achats somptuaires à l'étranger», remarque Matt Sheehan.

«Et même si l'économie chinoise et le yuan s'effondrent, on verra une vaste fuite de capital déguisée en investissements à l'étranger», ajoute-t-il.

L'immobilier figure parmi les secteurs les plus recherchés, et les investissements massifs en provenance de Chine ont un profond impact sur le paysage des grandes métropoles.

Sur quatre projets immobiliers colossaux à Los Angeles, trois sont initiés par des firmes chinoises, y compris une tour à 1 milliard de dollars qui doit abriter un hôtel et des appartements de luxe, financée par la firme pékinoise Oceanwide Holdings, et un projet similaire, Metropolis, développé par la société de Shanghaï Greenland Holding Group.

À San Francisco, Oceanwide prévoit d'ériger le deuxième plus haut gratte-ciel de la ville, et plusieurs autres projets financés par des Chinois sont en développement.

Les résidences pour particulier sont aussi convoitées, avec un triplement des acquisitions en quelques années, pour un tiers en Californie: sur les douze mois terminés en avril, «nous avons eu 27,3 milliards de dollars de ventes à des acheteurs chinois comparé à entre 7 et 13 milliards de dollars par an jusqu'en 2013», constate Danielle Hale, analyste de l'Association nationale des vendeurs immobiliers.

Elle souligne que d'investissements purs ou résidences secondaires, ces achats deviennent de plus en plus fréquemment des résidences principales, avec un prix d'achat moyen -936 000 dollars- bien plus élevé que celui des acheteurs locaux (266 000 dollars).

L'institut des politiques publiques de Californie (PPIC) note que ces dernières années, l'immigration en provenance d'Asie s'est accélérée dans le vaste État de l'Ouest américain, et dépasse celle d'Amérique du Sud.

Le quotidien Sacramento Bee, citant des statistiques du US Census Bureau, renchérit que 33 000 Chinois se sont installés en Californie en 2014, trois fois plus qu'en 2005.

Pour Danielle Hale, tout pointe vers une poursuite des achats immobiliers chinois dans un avenir proche.

Matt Sheehan estime pour sa part que les secteurs agroalimentaires sont les prochains dans la ligne de mire: «des années de scandales alimentaires ont vraiment tétanisé les parents chinois (...) et les entreprises savent maintenant qu'elles peuvent demander bien plus cher pour des produits importés des États-Unis».

D'autant que l'alimentation «est encore un domaine où la Californie», surnommée le panier à fruits et légumes de l'Amérique, «est particulièrement bien placée», conclut-il.