Barack Obama demeure déterminé à sauver le Partenariat transpacifique, gravement menacé par le prochain locataire à la Maison-Blanche - qu'il soit républicain ou démocrate.

Lors d'une conférence de presse, mardi à Washington, le président américain a soutenu qu'il avait bon espoir de faire adopter le traité de libre-échange par le Congrès pendant les deux mois de «session interrégime» de fin d'année électorale. Il croit qu'une fois passée la rhétorique partisane de la campagne présidentielle, les esprits seront plus attentifs aux arguments de fond.

Le président Obama a ainsi l'intention d'expliquer aux législateurs du Congrès les dispositions du traité et ses bienfaits pour les travailleurs américains, afin de dissiper la «désinformation» qui entoure ce débat actuellement, selon lui. Il a rappelé que son administration avait pu obtenir du Congrès une procédure accélérée pour négocier le traité de libre-échange, et qu'il avait bien l'intention de répéter l'exploit pour sa ratification.

L'accord de libre-échange entre 12 pays du Pacifique coulera à pic s'il n'est pas ratifié par Washington. Pour entrer en vigueur, l'entente doit être ratifiée par les législatures de pays représentant au moins 85 pour cent de l'économie de la région touchée - un chiffre mathématiquement impossible à atteindre sans l'appui des États-Unis.

L'économie du Canada pèse pour un peu plus de six pour cent dans la région. À Ottawa, le gouvernement libéral de Justin Trudeau n'a toujours pas indiqué ses intentions quant à cet accord négocié par les conservateurs de Stephen Harper.

Le Partenariat transpacifique (PTP) prévoit de créer la plus vaste zone commerciale du monde, d'éliminer les tarifs douaniers sur des milliers de produits, de renforcer les protections offertes par les brevets nationaux, et de permettre aux entreprises d'intenter une poursuite contre un gouvernement devant un tribunal indépendant.

Aux États-Unis, le PTP est devenu un sujet toxique pendant la campagne présidentielle, des deux côtés du spectre: aussi bien Donald Trump qu'Hillary Clinton sont contre - le républicain encore plus férocement que la démocrate.

Cette apparente unanimité fait dire à certains observateurs que la seule chance de faire adopter l'entente réside dans cette petite fenêtre de deux mois qui sépare l'élection présidentielle du 8 novembre et la passation réelle des pouvoirs en janvier 2017. Mais même ce scénario demeure risqué: les élus des deux partis au Congrès ne veulent pas être bousculés.

L'influent sénateur républicain Mitch McConnell explique aussi qu'il devra bien tenir compte du fait que les Américains auront élu un président opposé au PTP. Son vis-à-vis démocrate Harry Reid est encore plus critique: il a indiqué au Huffington Post il y a quelques jours qu'il n'avait aucunement l'intention de changer d'avis.

Le président Obama a admis mardi que certains de ses fidèles amis ne partageaient pas son point de vue sur le PTP, mais il se dit prêt à plaider sa cause. Il soutient que le PTP est préférable au statu quo, car la nouvelle entente prévoit davantage de protections pour les travailleurs et l'environnement.