Pour le consommateur américain, la hausse des taux d'intérêt décidée mercredi par la Réserve fédérale (Fed) reste symbolique mais devrait à terme avoir des répercussions sur son portefeuille, son épargne, ses emprunts, voire le coût de ses voyages.

La Fed a relevé mercredi pour la première fois depuis près de dix ans son taux d'intérêt directeur d'un quart de point alors qu'il était proche de zéro depuis la crise financière de 2008.

Ce «taux sur les fonds fédéraux» (Federal Funds Rate) détermine le loyer de l'argent à court terme, c'est-à-dire l'intérêt que les banques se facturent entre elles pour des prêts au jour le jour. Il influence tous les autres taux puisque les banques vont le répercuter sur les prêts, les cartes de crédit, les crédits immobiliers.

Avec une hausse minime de 0,25%, l'effet réel sur le coût de l'argent restera pour l'instant marginal, mais, comme le souligne à l'AFP Christian Weller, économiste au Center for American Progress, «lorsqu'il y aura une hausse continue jusqu'à 1% ou 2%, cela aura des conséquences économiques très tangibles pour le consommateur moyen».

«C'est un très petit mouvement. Cela se reflétera dans les taux d'emprunt (...), mais les emprunts à long terme ne vont sans doute pas bouger beaucoup», a affirmé mercredi la présidente de la Fed Janet Yellen, évoquant les crédits immobiliers.

Elle a cependant reconnu que les taux à court terme sur les cartes de crédit allaient augmenter «un peu».

Dans la foulée immédiate de la décision de la Fed, les grandes banques ont relevé leur taux de base à 3,5%.

Bonne nouvelle pour l'épargnant

Pour les épargnants, une hausse des taux constitue en tout cas une bonne nouvelle. Cela fait des années aux États-Unis que les comptes d'épargne et certificats de dépôt rapportent de ridicules pécules, parfois guère plus que 0,01%, un taux bien inférieur à l'inflation pourtant déjà très faible.

«Avec des taux proches de zéro, on a coutume de dire que c'est une punition pour les épargnants d'économiser de l'argent!», résume pour l'AFP Jia Liu, économiste auprès de l'American Institute for Economic Research (AIER).

En théorie, la hausse des taux devrait doper le rendement des obligations et les rendre ainsi plus attractives que les actions en Bourse, qui ont jusqu'ici largement profité des taux bas.

«Si vous n'aimez pas le risque ou que vous êtes retraité et n'avez pas 30 ans devant vous, il faut savoir que le marché boursier va moins bien se comporter», assure Jia Liu. «Vous aurez plus intérêt à accroître vos actifs en obligations et à diminuer vos placements en actions», ajoute-t-elle.

Du côté de la consommation, la règle veut qu'un relèvement des taux ralentisse les dépenses des consommateurs, une des raisons pour laquelle la Fed a tant attendu avant de resserrer le crédit afin de ne pas étouffer la demande intérieure.

Souvent à taux fixe, les prêts étudiants et les prêts automobiles déjà souscrits aux États-Unis ne devraient pas bouger. En revanche, l'impact se fera rapidement sentir sur tous les nouveaux prêts, notamment les crédits immobiliers dont le taux est historiquement bas pour l'instant. L'intérêt moyen d'un prêt à 30 ans à taux fixe, la norme aux États-Unis, est à 4,14% actuellement, selon la Mortgage Bankers Association.

Une hausse d'un quart de point répercutée sur un prêt à 30 ans de 250.000 dollars revient à une augmentation de 36 dollars par mois du montant à rembourser.

Effet paradoxal, il se peut que dans un premier temps le relèvement des taux donne un coup de fouet à la consommation pour quelques mois, affirme l'économiste de l'AIER. «Les gens ont tellement attendu» ce geste de la Fed qu'une fois enclenché, «ils vont se dire, il est temps d'acheter maintenant» plutôt que plus tard.

L'appréciation du dollar qui devrait se poursuivre va diminuer le prix des produits importés. Si c'est un point positif pour les consommateurs américains, ça ne l'est pas pour la balance commerciale de leur pays.

Autre impact plus inattendu, la hausse des taux et donc celle du billet vert va être bénéfique pour le touriste américain à l'étranger. «Si vous êtes un globe-trotter, c'est bon pour vous car votre dollar vaudra plus», estime Jia Liu.