L'emploi aux États-Unis a retrouvé des couleurs éclatantes en octobre avec un bond des créations de postes et un recul du taux de chômage, apportant un argument massif aux partisans d'un relèvement des taux américains à la fin de l'année.

L'économie américaine a créé 271 000 emplois de plus qu'elle n'en a détruits en octobre, connaissant ainsi son mois le plus prolifique depuis le début de l'année, selon les données publiées vendredi par le département du Travail.

Cette spectaculaire embellie, qui a largement dépassé les attentes des analystes, contraste avec la contre-performance de septembre (137 000 emplois créés) et permet de faire reculer le taux de chômage à son plus bas niveau depuis sept ans et demi (5,0 %).

Au total, quelque 7,9 millions de personnes restent à la recherche d'un emploi dans le pays.

Très attendu aux États-Unis, ce rapport pourrait bien ouvrir la voie à une hausse des taux de la banque centrale américaine (Fed) -- maintenus proches de zéro depuis fin 2008 -- à la réunion de politique monétaire de la mi-décembre.

Depuis plusieurs mois, le débat fait rage au sein Fed entre les dirigeants qui plaident pour un relèvement cette année et les autres qui craignent que l'économie ne soit pas encore suffisamment solide pour supporter un tel changement de cap.

Pour la majorité des analystes, les chiffres de l'emploi en octobre ont définitivement mis fin à la cette querelle, observée de très par les marchés et la planète finance dans son ensemble.

Hausse des salaires

«Le message écrasant du rapport sur l'emploi est que la période de mollesse est finie et que la hausse des taux est en marche», a soutenu Chris Low de FTN Financial.

Même son de cloche chez Ian Shepherdson de Pantheon Macroeconomics. «En un mot: reprise de l'activité normale + gains sur les salaires hausse en décembre», a-t-il dit.

Après deux mois décevants sur le front de l'emploi, la quasi-totalité des voyants sont, de fait, passés au verts en octobre.

Les gains ont quasiment couvert l'ensemble des secteurs économiques, la palme revenant aux services aux entreprises (+78 000 emplois créations de postes) l'assurance-santé (+45 000) et à la vente au détail (+44 000), selon les données du ministère.

Petite fausse note, le secteur minier, frappé depuis plusieurs mois par la baisse des cours du pétrole, a en revanche continué à détruire des emplois en octobre (-5000).

«C'est plus qu'une "certaine" amélioration du marché du travail!», s'est exclamé Jim O'Sullivan, de High Frequency Economics, en référence à la condition informelle fixée par la banque centrale pour commencer à normaliser sa politique monétaire.

Une autre très bonne nouvelle est venue sur le front des salaires, un autre indicateur suivi de très près par la Fed. La banque centrale espère ainsi qu'une hausse des rémunérations permettra de retourner plus rapidement vers son objectif d'une inflation annuelle à 2 %, actuellement freinée par les faibles prix de l'énergie.

Les chiffres d'octobre sont là encore de bon augure: le salaire horaire moyen a nettement progressé le mois dernier, gagnant 9 cents par rapport à septembre pour s'établir à 25,20 dollars.

«Les salaires ont plus davantage progressé au cours des douze derniers mois qu'à aucun autre moment depuis la reprise» économique qui a suivi la récession de 2008-2009, a assuré dans un communiqué Jason Furman, le conseiller économique en chef de la Maison-Blanche.

Certaines faiblesses demeurent toutefois.

Le taux d'activité, qui mesure la part des Américains occupant un emploi ou en cherchant un, est ainsi resté à son plus haut niveau en près de quarante ans, trahissant un découragement grandissant d'une partie de la population active.

«Une hausse (des taux, ndlr) en décembre n'est toujours pas garantie», estime d'ailleurs Krishna Guha, de Evercore ISI, selon qui l'évolution de la situation, aux États-Unis et à l'étranger, peut encore apporter «des mauvaises surprises» avant la réunion de la Fed des 15 et 16 décembre.

D'ici là, les responsables de la Fed auront aussi pris connaissance des chiffres de l'emploi pour novembre.

Mi-septembre, la Fed avait, à la surprise générale, décidé de repousser à plus tard la hausse des taux face aux turbulences financières venant notamment de Chine.