Deux membres clés du Comité monétaire de la Réserve fédérale (Fed) ont réaffirmé vendredi qu'une hausse des taux était toujours sur la table avant la fin de l'année, tandis qu'un autre prône encore la patience.

Interviewé sur la chaîne de télévision financière CNBC sur le fait de savoir s'il était de ceux qui misent sur une première hausse des taux dès cette année, le président de la Réserve fédérale (Fed) de New York William Dudley a répondu: «si je me base sur mes projections (économiques), oui j'en suis. Mais ce n'est pas un engagement, cela se fonde sur mes attentes quant à l'évolution de l'économie».

M. Dudley, qui est le vice-président du Comité monétaire (FOMC) qui décide de la politique monétaire de la banque centrale, a estimé que chaque réunion de la Fed devrait être «en direct», c'est-à-dire susceptible de décider d'une hausse des taux ce jour-là en fonction des données.

Il a affirmé que le ralentissement de l'économie chinoise n'aurait qu'un lien direct «très mince» avec l'économie américaine et averti que la volatilité sur les marchés financiers irait «en grandissant (...) plus on se rapproche du moment où la Fed va relever ses taux».

Plus tôt, dans un discours à New York, Dennis Lockhart, le président de l'antenne régionale de la Fed d'Atlanta, considéré comme un centriste au sein du FOMC, a déclaré «qu'une décision sur un relèvement des taux d'intérêt plus tard cette année (...) en octobre ou décembre est appropriée». Il fait référence aux prochaines réunions du Comité monétaire prévues les 27 et 28 octobre et les 15 et 16 décembre.

Il a reconnu toutefois qu'il y a eu dernièrement «un regain d'ambiguïté», évoquant les turbulences des dernières semaines sur les marchés financiers qu'il a associées, avec un trait d'humour, à des «montagnes russes portant les noms de ''La Tour de l'horreur'' ou ''Le défi du Dragon''».

Jugeant les progrès de l'économie américaine «satisfaisants», M. Lockhart a concédé que la croissance du 3e trimestre serait plus lente à 1,1% après 3,9% au 2e trimestre, qui représentait un rebond sur l'hiver. Comme M. Dudley, il explique ce ralentissement de l'expansion par un gonflement des stocks et la faiblesse du commerce extérieur.

«Je continue de penser que les progrès continus de l'économie justifient un relèvement des taux bientôt», a-t-il répété, mais il a ajouté qu'il faudra «porter une grande attention aux données économiques à venir et particulièrement à celles concernant l'activité des consommateurs».

Plus prudent et connu pour ses positions monétaires plus accommodantes, Charles Evans de la Fed de Chicago, a recommandé lui d'être «extrapatient».

«Je suis en faveur d'une première hausse des taux plus tardive que nombre de mes collègues», a déclaré M. Evans, dans un discours à Milwaukee (midwest).

Selon lui, l'inflation --que la Fed veut voir approcher de 2% alors qu'elle stagne actuellement proche de zéro--, ne commencera à remonter qu'au milieu de l'année prochaine.

Dans le compte-rendu de la précédente réunion de la Fed des 16 et 17 septembre publié jeudi, le Comité monétaire s'est montré soucieux du renforcement du dollar et du ralentissement de l'économie chinoise, préférant attendre avant d'entamer une première hausse des taux. «La plupart des participants» ont néanmoins estimé que les conditions semblaient «en place pour un raffermissement de la politique monétaire cette année».

Ces minutes ont pourtant dressé un tableau mitigé de l'économie, signalant que la «confiance» dans un retour de l'inflation vers l'objectif de 2% «n'avait pas augmenté» et que «les perspectives du secteur pétrolier se détérioraient».