La candidate démocrate à la Maison-Blanche Hillary Clinton a annoncé mercredi son opposition à l'accord de libre-échange dévoilé cette semaine et négocié par Barack Obama avec 11 pays riverains du Pacifique, une surprise qui devrait emballer la gauche américaine.

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«Selon ce que j'ai appris à ce jour, je ne peux pas soutenir cet accord», a déclaré la candidate aux primaires démocrates dans un communiqué.

Hillary Clinton cite particulièrement deux défauts dans l'accord annoncé lundi: l'absence de sanctions contre les pays accusés de manipuler leur monnaie et des mesures qui donnent trop l'avantage, selon elle, aux compagnies pharmaceutiques au détriment des patients et consommateurs.

«Trop souvent, au cours des années, nous n'avons pas trouvé le bon équilibre dans les accords commerciaux», justifie la candidate. «Nous ne pouvons pas donner le bénéfice du doute aux nouveaux accords. Les risques sont trop élevés que, malgré toute notre bonne volonté, ils finissent par faire plus de mal que de bien aux familles américaines dont les salaires ont à peine bougé ces dernières années».

L'annonce est d'autant plus surprenante qu'en tant que secrétaire d'État de Barack Obama de 2009 à 2013, elle avait défendu l'intérêt économique du projet de partenariat trans-pacifique (TPP).

Elle avait sillonné la région Asie-Pacifique pour en louer les mérites, le qualifiant d'«étalon-or» en novembre 2012 lors d'une visite en Australie.

Mais les pressions politiques se sont accrues sur la candidate depuis que le sénateur Bernie Sanders est entré dans la course des primaires et lui a ôté son statut d'ultra-favorite.

«Je crois toujours à l'objectif d'un accord fort et équitable dans le Pacifique, dans le cadre d'une stratégie plus large ici et à l'étranger, tout comme lorsque j'étais secrétaire d'État», a-t-elle aussi déclaré, pour esquiver les accusations de revirement.

Bernie Sanders, «socialiste démocrate», est l'un des plus fervents opposants au TPP, tout comme la majorité du parti démocrate, qui craint pour les emplois américains et dénonce les accords commerciaux passés avec le Mexique ou la Corée du Sud.

Il critiquait depuis des mois sans la citer le silence d'Hillary Clinton.

L'ex-secrétaire d'État avait aussi annoncé en septembre son opposition au projet d'oléoduc Keystone XL entre le Canada et les États-Unis, répondant à une autre revendication majeure des écologistes et des démocrates.

Elle a ainsi évacué deux sujets délicats avant le premier débat des primaires démocrates, mardi prochain à Las Vegas.

Le parti républicain a immédiatement raillé sa volte-face. Mais ce sont les flèches de ses rivaux des primaires qui devraient faire le plus mal.

«Le leadership, ça ne consiste pas à changer de position à la veille d'un débat», a écrit le candidat Martin O'Malley sur Twitter.

L'accord TPP rassemble 12 pays (Australie, Brunei, Canada, Chili, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour, États-Unis et Vietnam), et doit encore être ratifié. Aux États-Unis, le Congrès devra se prononcer, mais le vote n'aura lieu que l'année prochaine, en pleine campagne des primaires.